Amnesty International s’est dite soulagée d’apprendre que les « Quinze de Stansted » n’iraient pas en prison, mais a de nouveau dénoncé la décision de poursuivre ces manifestants au titre de la législation antiterroriste et les conséquences que cela pourrait avoir sur le droit de manifester au Royaume-Uni.
Les « Quinze de Stansted » ont été jugés pour avoir tenté d’empêcher l’expulsion d’un groupe de personnes à l’aéroport de Stansted en 2017. Ces 15 militantes et militants des droits humains ont mené une action directe non violente pour empêcher l’expulsion de 60 personnes sur un charter à destination du Ghana et du Nigeria.
Par cette action, qui n’a fait de tort à personne, ils ont empêché l’avion de décoller. Sur les 60 personnes qui devaient être expulsées, au moins deux ont depuis lors été autorisées à rester au Royaume-Uni ; d’autres poursuivent leurs démarches pour faire valoir leurs droits.
Dans un premier temps, les « Quinze de Stansted » ont été inculpés de violation de propriété privée avec circonstances aggravantes, mais quatre mois plus tard, les faits reprochés ont été requalifiés en « atteinte à la sécurité des aéroports » - une infraction grave relevant de la législation antiterroriste, passible de la réclusion à perpétuité.
Avant le procès, qui s’est ouvert devant la Crown Court [juridiction criminelle supérieure] de Chelmsford l’année dernière, Amnesty International a écrit au directeur du parquet et au procureur général pour demander l’abandon du chef d’« atteinte à la sécurité des aéroports ». Elle s’est dite préoccupée à l’idée que ce chef d’inculpation était excessif, voire qu’il aurait pu être retenu dans le but de dissuader d’autres militants de mener des actions directes non violentes pour défendre les droits humains. Amnesty International a assisté quotidiennement au procès.
« La décision de ne pas emprisonner ces courageux défenseurs des droits humains est un soulagement, mais ne suffit pas. Ils n’auraient jamais dû faire face à cette très grave accusation liée au terrorisme, a déclaré Kate Allen, directrice de la section britannique d’Amnesty International.
« Ils restent considérés comme coupables d’une infraction qui ne correspond tout simplement pas à leurs actes, et ce procès risque d’avoir un dangereux effet dissuasif sur les manifestations pacifiques dans ce pays.
« Nous espérons que la cour d’appel mettra fin rapidement à l’épreuve pénible que les "Quinze de Stansted" traversent depuis près de deux ans. »
L’affaire des « Quinze de Stansted » s’inscrit dans une tendance, un peu partout en Europe, qui voit des personnes agissant en faveur de migrants et de réfugiés se faire harceler, intimider et traiter comme des délinquants pour avoir eu des gestes de solidarité.
Près de 12 000 sympathisants d’Amnesty International ont envoyé des messages pour témoigner leur solidarité aux « Quinze de Stansted ».
La défense des « Quinze de Stansted » a interjeté appel de la déclaration de culpabilité, appel qui devrait être examiné au cours des prochains mois.