« Cette décision est une parodie de justice. Anastasia Chevtchenko n’a commis aucune infraction. Elle n’aurait jamais dû être privée de liberté ; elle a fait l’objet de poursuites judiciaires pour le simple fait d’avoir exercé pacifiquement ses droits humains. Il faut que sa déclaration de culpabilité soit annulée » a réagi Natalia Zviaguina, directrice du bureau d’Amnesty International à Moscou.
« Anastasia Chevtchenko a déjà subi l’inimaginable de la part de la justice russe, qui est profondément défaillante. Assignée à résidence depuis plus de deux ans, elle a été humiliée et soumise à une surveillance intrusive sous son propre toit. Sa fille adolescente est décédée tragiquement au tout début de cette assignation à résidence, et Anastasia n’a pas été autorisée à être auprès d’elle pendant les derniers jours de sa vie.
« Anastasia Chevtchenko est l’otage d’un système cynique, cruel et inhumain dont le seul objectif est de réprimer, d’intimider et de briser les militantes et militants les plus forts et les plus courageux de Russie. Son casier judiciaire n’est désormais plus vierge.
« Il faut que les autorités russes cessent immédiatement de persécuter des militantes et militants pacifiques pour des motifs politiques. Les lois discriminatoires sur les “organisations indésirables” et les “agents étrangers”, qui sont utilisées abusivement pour étouffer la dissidence pacifique, doivent être abolies.
« Anastasia Chevtchenko est l’otage d’un système cynique, cruel et inhumain dont le seul objectif est de réprimer, d’intimider et de briser les militantes et militants les plus forts et les plus courageux de Russie »
« Il faut que les autorités russes libèrent immédiatement et sans condition toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits humains. Elles doivent respecter, protéger, promouvoir et concrétiser les droits humains de tous et toutes, y compris les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. »
Complément d’information
Le 18 février, le tribunal du district d’Oktiabrski, à Rostov-sur-le-Don (sud de la Russie), a déclaré la prisonnière d’opinion Anastasia Chevtchenko, ancienne coordinatrice du mouvement civique Open Russia, coupable en vertu de l’article 284.1 du Code pénal russe (« conduite des activités d’une organisation indésirable ») et l’a condamnée à une peine de quatre ans d’emprisonnement avec sursis.
Anastasia Chevtchenko a été la première personne poursuivie en justice en Russie au titre de la loi sur les « organisations indésirables » qui est entrée en vigueur en mai 2015. Cette loi octroie au gouvernement le pouvoir d’interdire les activités d’organisations non gouvernementales (ONG) étrangères ou internationales en Russie pour des motifs liés à la sécurité définis en termes vagues et sans aucun contrôle judiciaire, et d’ériger en infraction tout lien, aussi ténu soit-il, avec ces organisations. Elle a été utilisée pour interdire le mouvement Open Russia, qui a été fondé par l’opposant et ancien prisonnier d’opinion en exil Mikhaïl Khodorkovski, ainsi que 30 autres organisations étrangères.