Server Karametov, un Tatar de Crimée, a été condamné le 9 août à 10 jours de « détention administrative » pour avoir manifesté en soutien au prisonnier d’opinion Akhtem Tchiygoz et à d’autres victimes de poursuites motivées par des considérations politiques devant la Cour suprême de Crimée, placée sous le contrôle des autorités de facto de Simferopol, la capitale de la Crimée sous occupation russe.
« Arrêter un citoyen âgé et frêle et le jeter derrière les barreaux pour avoir brandi une pancarte : voici la dernière mesure grotesque de la répression imposée par les autorités russes au militantisme pacifique de la communauté tatare de Crimée, a déclaré Oxana Pokaltchouk, directrice d’Amnesty International Ukraine.
« Cette affaire illustre parfaitement la persécution qui frappe les militants tatars de Crimée. Server Karametov doit être remis en liberté immédiatement et sans condition. »
La vidéo de l’arrestation le 8 août montre un homme seul, fragile et âgé, qui tient une pancarte écrite à la main, se faire traîner par quatre policiers qui le font monter de force à bord d’une voiture de police.
Dans la soirée du 9 août, un juge du tribunal de district de Jeleznodorojnyi, à Simferopol, a déclaré Server Karametov coupable d’avoir résisté aux « ordres légitimes » des policiers.
Outre sa détention, il a été condamné à une amende de 10 000 Roubles (environ 140 euros), un montant exorbitant pour un habitant de Crimée, où la retraite mensuelle moyenne dépasse à peine les 11 000 Roubles (environ 150 euros).
Server Karametov s’est senti mal dans la salle d’audience et une ambulance a dû être appelée. Son avocat a déclaré qu’il est atteint de la maladie de Parkinson et risque d’être privé de médicaments essentiels pendant sa détention.
Akhtem Tchiygoz, dont le nom était inscrit sur la pancarte, est responsable adjoint du Mejlis, un organe représentatif élu par les Tatars de Crimée qui est interdit en Russie en tant qu’organisation « extrémiste ».
Il est détenu depuis janvier 2015 pour de fausses accusations, notamment pour avoir fomenté des « troubles de masse » le 26 février 2014 durant une manifestation qui s’est déroulée peu avant l’occupation et l’annexion de la Crimée par la Russie.
« Le Mejlis est interdit en tant que mouvement extrémiste, ses dirigeants sont emprisonnés ou exilés de force de leur terre natale et les médias criméens en langue tatare sont la cible d’une purge, jusqu’où peuvent encore aller ces représailles ? », s’est interrogée Oxana Pokaltchouk.
Complément d’information
Au titre de la loi russe très restrictive sur les réunions publiques, toute manifestation de rue ou presque regroupant deux personnes ou plus nécessite l’accord préalable des autorités. Les « manifestations » impliquant une seule personne ne sont pas concernées par cette condition. Cependant, la loi interdit totalement les contestations dans certaines zones, notamment aux abords des tribunaux.