« Cette sentence illustre la campagne d’intimidation acharnée que mènent les autorités russes contre quiconque ose dénoncer l’invasion de l’Ukraine ou critiquer la conduite de l’armée russe, a déclaré Natalia Priloutskaïa, chercheuse sur la Russie à Amnesty International.
« En sanctionnant Roman Ivanov pour avoir relaté des informations sur l’homicide de civil·e·s à Boutcha et d’autres crimes présumés commis par l’armée russe, les autorités le réduisent au silence et adressent à tous un message clairement dissuasif. Pourtant, en insistant sur le fait que les informations relatives à la guerre doivent être rendues publiques, Roman Ivanov ne faisait que son devoir de journaliste. Son cas met en lumière la dure réalité de la liberté d’expression en Russie aujourd’hui. Au tribunal, Roman Ivanov s’est agenouillé pour s’excuser auprès du peuple ukrainien, un geste courageux empreint d’une grande dignité.
« Roman Ivanov est un prisonnier d’opinion qui doit être libéré immédiatement et sans condition. En outre, les autorités doivent abroger dans son intégralité la loi de censure portant sur la guerre invoquée à son encontre. »
Complément d’information
Le 6 mars, le tribunal municipal de Koroliov, dans la région de Moscou, a condamné Roman Ivanov pour « dissémination délibérée de fausses informations sur les forces armées russes » (article 207.3 du Code pénal russe), en raison de publications sur sa chaîne Telegram personnelle, évoquant l’homicide de civil·e·s à Boutcha et d’autres crimes de guerre présumés commis par les forces russes.
S’adressant à la cour, Roman Ivanov a prononcé ses derniers mots en s’agenouillant et a demandé pardon au peuple d’Ukraine : « Je souhaite demander pardon à tous les Ukrainiens à qui notre pays a causé de la souffrance. » En février 2023, une autre journaliste de RusNews, Maria Ponomarenko, avait été condamnée à six ans d’emprisonnement pour des accusations similaires.