« Cette attaque éhontée est déplorable. L’an dernier, Ramzan Kadirov, leader tchétchène nommé par le Kremlin, a ouvertement averti qu’il interdirait aux défenseurs des droits humains de se rendre en Tchétchénie et les a menacés de violences. Aujourd’hui, cette violence se déchaîne, a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnesty International.
« Il s’agit du dernier épisode d’une série d’attaques brutales contre les détracteurs virulents en Tchétchénie, conséquence directe de ces menaces et de l’impunité totale dont jouissent les auteurs d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées et de torture ciblant ceux qui critiquent Ramzan Kadirov.
« Seule une enquête efficace sur ces faits et toutes les attaques commises par le passé permettra de mettre fin à l’illégalité qui règne actuellement en Tchétchénie. Comme il y a peu d’espoir qu’une telle enquête soit menée au niveau local, les autorités fédérales russes doivent intervenir. Or, jusqu’à présent, elles ont indiqué qu’elles n’en avaient aucunement l’intention. »
Complément d’information
Elena Milachina, qui a dévoilé l’affaire de la campagne d’enlèvements, d’actes de torture et d’homicides visant des homosexuels en Tchétchénie il y a deux ans, et l’avocate spécialisée dans la défense des droits humains Marina Dubrovina ont été agressées par une foule dans le foyer de l’hôtel Continent, dans la soirée du 6 février. Les assaillants ont asséné gifles et coups de poing aux deux femmes. Ils ont filmé leurs actions avec une caméra. Puis l’un d’entre eux, un homme, leur a dit de partir et la foule a quitté l’hôtel sans obstacle.
Marina Dubrovina est arrivée à Grozny pour représenter en tant qu’avocate les intérêts d’Islam Noukhanov, un blogueur qui a filmé en vidéo des propriétés coûteuses qui appartiendraient à des familles liées aux dirigeants de Tchétchénie. Après avoir publié sa vidéo sur YouTube, Islam Noukhanov a été arrêté et plus tard accusé de détention illégale d’armes, une accusation qu’il réfute. Elena Milachina prévoyait d’assister à son procès en tant que journaliste.