Bruce Millar, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :
« La condamnation d’Alexeï Gorinov est inadmissible. Il s’agit de représailles illégales infligées parce qu’il a exprimé ses opinions, de non d’une application de la justice. Alexeï Gorinov n’a commis aucune infraction reconnue au niveau international en qualifiant la guerre lancée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine de guerre criminelle. Le système judiciaire russe s’est une fois de plus rangé du côté du gouvernement qui cherche à museler toute forme de dissidence. »
Alexeï Gorinov n’a pas plaidé coupable et il a utilisé son dernier temps de parole au tribunal pour dénoncer une fois de plus la guerre en Ukraine. « Je suis convaincu que cette guerre représente le chemin le plus court vers la déshumanisation, quand la frontière entre le bien et le mal devient floue. La guerre, c’est forcément la violence, le sang versé, des mutilations et des corps déchiquetés. C’est toujours la mort. Je n’accepte pas cela et je le rejette », a-t-il déclaré.
« Il faut que les autorités russes libèrent immédiatement et sans condition Alexeï Gorinov et toutes les autres personnes emprisonnées uniquement parce qu’elles ont exprimé leurs opinions et dénoncé la guerre, et qu’elles abandonnent toutes les charges qui pèsent sur ces personnes », a déclaré Bruce Millar.
Complément d’information
Le 8 juillet, le tribunal de l’arrondissement de Mechtchanski de Moscou a condamné Alexeï Gorinov, élu municipal de l’arrondissement de Krasnosselski, à sept ans d’emprisonnement. Il était accusé d’avoir diffusé « sciemment de fausses informations » sur les forces armées russes au titre de l’article 207-3, récemment adopté, du Code pénal de la Fédération de Russie. Il s’agit du premier cas de personne condamnée en vertu de cet article.
Alexeï Gorinov a été inculpé en raison d’une déclaration qu’il a faite au sujet de l’agression de la Russie contre l’Ukraine lors d’une réunion du conseil municipal le 15 mars. Il a parlé des enfants ukrainiens morts à cause de la guerre que les autorités russes continuent de qualifier d’« opération spéciale ». Les autorités ont déclaré qu’Alexeï Gorinov avait conspiré avec Elena Kotionotchkina, qui présidait cette réunion, pour « discréditer l’armée en profitant de ses fonctions officielles ». Elena Kotionotchkina a échappé à une arrestation en quittant le pays.
L’enquête menée par les autorités dans cette affaire n’a duré que cinq jours.
Au total, plus de 60 affaires pénales engagées au titre de l’article 207-3 ont fait ou font actuellement l’objet d’une enquête en Russie.