Russie : Le pays a besoin d’une loi qui protège contre toutes les formes de violence fondée sur le genre

La Russie a besoin d’une loi qui protège contre toutes les formes de violence fondée sur le genre et doit en finir avec la culture de la stigmatisation cautionnée par le gouvernement visant les femmes et les filles qui dénoncent ces agissements, a déclaré Amnesty International, qui a organisé une manifestation en Russie à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.

La manifestation devant la Douma d’État, à Moscou, intervient le lendemain du jour où des allégations de harcèlement sexuel portées contre un député ont suscité des moqueries au sein du Parlement.

Le président de la Douma d’État a conseillé le 7 mars à trois femmes journalistes de « changer de métier », après qu’elles ont accusé un député de harcèlement sexuel, notamment de les avoir pelotées lors d’interviews. Aux termes de la législation russe actuelle, ce type de comportement n’est pas un crime.

« En 2017, les législateurs russes ont adopté une loi qui dépénalise certaines formes de violence domestique ; aujourd’hui, ils célèbrent la Journée internationale des droits des femmes en affichant leur solidarité avec un auteur présumé de harcèlement sexuel », a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale à Amnesty International.

« La Russie devrait s’attaquer à la discrimination, au harcèlement et à la violence fondée sur le genre, profondément ancrés dans le pays. Cela suppose d’ouvrir un débat franc sur le sujet et de mettre en œuvre sans délai des mesures de protection, de ne pas éroder les dispositions légales existantes ni stigmatiser les femmes qui dénoncent des violences.  »

Ces deux dernières semaines, trois journalistes russes – Ekatrina Kotrikadze, rédactrice en chef adjointe de la chaîne RTVI, Daria Jouk, productrice sur la chaîne Rain, et Farida Roustamova, journaliste au service russe de la BBC – ont accusé Leonid Sloutski, président de la Commission des affaires étrangères de la Douma (la chambre basse du Parlement), de pelotage.

La Commission d’éthique de la Douma n’a pas encore réagi à ces allégations.

Viatcheslav Volodine, président de la Douma, a commenté le 7 mars ces allégations en s’adressant aux journalistes : « C’est dangereux pour vous de travailler à la Douma ? Si c’est le cas, changez de métier. »

Nombre de ses collègues parlementaires, notamment un groupe de femmes députées, ont qualifié ces allégations de « provocation ».

«  La législation russe doit absolument être réformée, afin de la rendre conforme aux normes internationales relatives aux droits humains et de combattre efficacement toutes les formes de violence sexuelle, notamment le harcèlement sexuel et les agressions sur le lieu de travail, à la maison et ailleurs. Aujourd’hui, la loi russe manque complètement à son devoir de protection envers les victimes de harcèlement sexuel et de nombreuses victimes d’agressions sexuelles », a déclaré Denis Krivosheev.

Des militants d’Amnesty International en Russie ont organisé une petite manifestation devant la Douma d’État le 8 mars, les autorités s’étant opposées à un rassemblement plus grand.

Aux termes des règles en vigueur, une seule personne était autorisée à prendre part à la manifestation. Les militants et sympathisants d’Amnesty International se sont relayés en tenant une seule pancarte tandis que, non loin, des contre-manifestants ultranationalistes les insultaient.

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