COMMUNIQUÉ DE PRESSE
ÉFAI-
14 septembre 2009
Les défenseurs des droits humains sont la cible d’attaques en Serbie et les autorités manquent à leur devoir de les protéger, a déclaré Amnesty International dans un document publié ce lundi 14 septembre 2009.
« Il est rare que les autorités enquêtent rapidement et impartialement sur les agressions physiques, les menaces de mort et les atteintes aux biens dont les défenseurs des droits humains sont la cible, a déclaré Sian Jones, spécialiste des Balkans au sein d’Amnesty International. Peu d’auteurs présumés de tels agissements sont traduits en justice.
« Le fait que les autorités ne montrent guère de volonté politique de s’acquitter de l’obligation qui leur incombe de garantir les droits aux libertés d’expression et de réunion des défenseurs des droits humains crée un climat d’impunité qui étouffe la société civile. »
Dans son document intitulé Serbia : Human rights defenders at risk, Amnesty International répertorie les dernières attaques perpétrées contre des militants des droits fondamentaux, y compris des défenseures des droits humains de premier plan.
« L’année dernière, des militantes des droits humains ont été la cible d’attaques dans les médias, notamment de menaces de lynchage. Ces attaques sont le fait de parlementaires, de membres d’organisations d’extrême-droite et de membres des services de sécurité inculpés de crimes de guerre. D’autres défenseures ont été victimes de destructions de biens, d’attaques visant leurs locaux ou d’agressions imputables à des membres de groupes néo-nazis », a déclaré Sian Jones.
Parmi ces militantes figurent notamment Nataša Kandi ?, directrice du Centre de droit humanitaire, Sonja Biserko, du Comité Helsinki de Serbie, et Biljana Kova ?evi ?-Vu ?o, du Comité des juristes yougoslaves pour les droits humains (JUKOM) et de l’ONG Femmes en noir. Certains médias les ont présentées comme antiserbes parce qu’elles étaient favorables à l’indépendance du Kosovo et demandaient que les responsables présumés des crimes de guerre commis dans les années 1990 en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo soient soumis à l’obligation de rendre des comptes.
Dans son document intitulé Serbia : Human rights defenders at risk, Amnesty International se penche également sur la situation des personnes qui défendent les droits des lesbiennes, gays et personnes bisexuelles et transgenres (LGBT). Depuis 2001, les LGBT de Serbie n’ont pas pu organiser de marche des fiertés en raison des graves menaces formulées à leur encontre par des mouvements de droite et des organisations religieuses. De tels mouvements et organisations ont déjà menacé explicitement les organisateurs de la marche de cette année, qui doit avoir lieu le 20 septembre.
« Les LGBT sont marginalisés même au sein de la société civile et les enquêtes pénales sur les agressions dont ils font l’objet, même lorsque les auteurs sont identifiés, aboutissent rarement, a déclaré Sian Jones.
« Les autorités serbes sont tenues de protéger les droits de chacun aux libertés d’expression et de réunion pacifique. Elles doivent condamner publiquement toutes les attaques et menaces visant des défenseurs des droits humains, et leur offrir une protection et un soutien au cours de la prochaine marche des fiertés de Belgrade, à la fin de la semaine. »
Amnesty International exhorte les autorités serbes à inscrire dans la législation et à appliquer en pratique les principes de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’homme, qui prévoit un cadre pour la protection et le soutien dont doivent bénéficier les militants des droits humains. L’organisation engage également les ambassades des États membres de l’Union européenne à offrir soutien et protection aux défenseurs des droits fondamentaux en Serbie.