Serbie. Les expulsions de Roms mettent des vies en danger

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La dernière expulsion de Roms, qui a contraint un grand nombre d’entre eux à passer une cinquième nuit dehors, montre que les autorités serbes ne respectent pas leurs obligations internationales, a déclaré Amnesty International en cette Journée internationale des Roms.

Environ 250 Roms, parmi lesquels des enfants en bas âge, des personnes âgées et des infirmes, ont été chassés de leurs abris temporaires à Novi Beograd le 3 avril 2009. Deux femmes auraient été conduites à l’hôpital parce qu’elles souffraient d’avoir été soumises à un trop grand stress.

Des bulldozers et des policiers sont arrivés sur le site au petit matin, avant que l’avis d’expulsion officiel ne soit présenté aux habitants. Au moins 50 des logements de fortune ont été démolis sans que leurs occupants ne puissent faire autre chose que d’assister à la scène.

L’endroit est en train d’être dégagé pour construire une route d’accès pour les Universiades 2009, qui doivent avoir lieu à Belgrade cet été. Des installations temporaires de substitution, sous la forme de containers, avaient été installées dans un autre endroit de Belgrade mais des habitants ont essayé d’y mettre le feu pour empêcher les Roms de venir s’installer dans leur quartier.

« Les expulsions forcées, c’est à dire celles auxquelles il est procédé sans la garantie d’un logement de remplacement, constituent une grave violation des droits humains », a déclaré Sian Jones, responsable des recherches sur la Serbie au sein d’Amnesty International.

Une expulsion dans ces circonstances bafoue le droit à un niveau de vie suffisant, et plus particulièrement le droit à un logement convenable, à une alimentation suffisante et à l’eau potable, qui est garanti par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), instrument auquel la Serbie est un État partie.

La Serbie, qui préside actuellement la Décennie de l’inclusion des Roms, initiative internationale visant à améliorer les conditions de vie des Roms, s’était engagée à faire du logement une des quatre priorités du gouvernement pendant son année de présidence.

L’expulsion a été critiquée par le médiateur des citoyens Sasa Jankovic, qui a déclaré : « Les bulldozers et la police ne résoudront pas le problème de l’habitat insalubre des roms ».

Le maire de Belgrade, Dragan Dilas, responsable de l’expulsion, a déclaré aux médias locaux qu’il essaierait de fournir aux Roms des logements de remplacement, mais il aurait également déclaré que cette mesure ne concernerait que les personnes résidant légalement à Belgrade.

Amnesty International est préoccupée par le fait qu’un grand nombre des personnes qui ont été expulsées le 3 avril font partie des 22 000 Roms du Kosovo enregistrés en Serbie comme personnes déplacées à l’intérieur du pays. Peu de Roms ayant ce statut ont en leur possession les papiers qui leur permettraient de bénéficier des droits élémentaires que sont le droit de résidence ou le droit à un logement adéquat.

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