« Les images de la police serbe tirant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes sur la foule sans discernement, et de manifestant·e·s et de passant·e·s chargés par la police montée et frappés par des policiers en tenue antiémeutes, suscitent de vives inquiétudes, a déclaré Jelena Sesar, chercheuse sur les Balkans à Amnesty International.
« S’il incombe aux autorités de maintenir l’ordre public et de réagir aux actes de violence individuels, le recours disproportionné à la force contre des manifestations entières n’est pas justifié. Ce type de mesures brutales auxquelles nous assistons depuis deux jours piétinent les droits de ceux qui manifestent pacifiquement et ne feront qu’accroître les tensions et provoquer l’hostilité, conduisant à une escalade de la situation.
« Les autorités serbes doivent faire preuve de retenue lors de nouvelles manifestations et le gouvernement doit garantir la sécurité des personnes qui descendent dans les rues et veiller à ce que toutes puissent exercer leur droit de manifester pacifiquement, sans crainte de représailles.
« Tout aussi inquiétantes sont les informations crédibles d’utilisation par la police de caméras de reconnaissance faciale à Belgrade pour identifier les manifestant·e·s. Amnesty International s’oppose à l’usage de la technologie de reconnaissance faciale à des fins de surveillance de masse, notamment lors de rassemblements et de manifestations. Cette nouvelle technologie n’est pas encore dûment réglementée et tend à cibler de manière disproportionnée des groupes spécifiques de personnes, ce qui risque d’avoir un effet dissuasif sur le droit de manifester. »
Complément d’infirmation
Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale serbe Belgrade et de grandes villes à travers le pays pour manifester contre la décision du gouvernement de réinstaurer le couvre-feu durant le week-end en raison d’une recrudescence d’infections liées au COVID-19. Elles manifestaient contre la gestion de la crise par le gouvernement, notamment contre la décision du président Aleksandar Vučić de lever les restrictions initiales à l’approche des élections nationales du 21 juin, que son parti a remportées haut la main.
Lors de la première soirée des manifestations le 7 juillet, un groupe de manifestant·e·s a tenté d’entrer de force au Parlement, ce qui a déclenché des tirs de gaz lacrymogènes et des affrontements qui ont duré jusqu’au petit matin. Des dizaines de manifestant·e·s, dont des passants et plusieurs journalistes accrédités, ont été blessés lors de ces violences.