SERBIE. En Serbie des familles roms risquent de subir une expulsion forcée

ÉFAI - 3 août 2010

Index AI : PRE01/268/2010

Amnesty International a exhorté les autorités de la ville de Belgrade à renoncer au projet de démolition d’un quartier informel occupé par des Roms, en raison des risques d’expulsion imminente.

Au moins 70 familles vivant dans un quartier informel du secteur de Vidikovac à Belgrade, où un grand nombre d’entre elles se sont installées après avoir été expulsées de force d’autres sites, risquent de se retrouver à nouveau sans logement si le projet de démolition est mis à exécution.

« Les autorités doivent trouver une solution à long terme pour les Roms dont le logement a déjà été détruit plusieurs fois et qui vivent en permanence dans la crainte d’une expulsion pouvant intervenir à tout moment et sans préavis », a souligné Sian Jones, spécialiste de la Serbie à Amnesty International.

Aux termes du droit international, l’expulsion ne doit intervenir qu’en dernier recours, une fois que toutes les autres solutions envisageables ont été épuisées.

Les autorités de la ville de Belgrade n’ont proposé aux familles concernées aucune solution de relogement ou indemnité. Elles ne les ont pas consultées et leur ont simplement adressé deux avis d’expulsion en avril et à la mi-juin, le dernier de ces avis les menaçant d’une expulsion début juillet.

« Les autorités municipales ne respectent ni la dignité ni les droits fondamentaux des Roms, et nous subissons une discrimination depuis beaucoup trop longtemps dans cette société », a déclaré à Amnesty International, qui s’est rendue à Vidikovac le 30 juillet, un militant rom qui souhaite garder l’anonymat en raison des menaces d’expulsion.

« Ce sont les habitants les plus jeunes de Vidikovac qui pâtissent le plus des expulsions forcées. Je veux parler des enfants, qui n’ont aucune chance de vivre normalement. Ils ne peuvent pas recevoir un enseignement comme les autres enfants et leur santé est en danger. »

Trente-cinq des familles qui risquent d’être expulsées se sont installées dans le quartier de Vidikovac en avril 2010 après la destruction de leurs maisons, qui se trouvaient de l’autre côté de la rue, par les autorités de la ville de Belgrade. On ne leur a offert aucune solution de relogement ni aucune aide ou indemnité.

Vingt autres familles sont arrivées sur le site après avoir été expulsées de leurs logements non loin de là sans préavis – en conséquence de quoi elles n’ont pu sauver que les quelques biens qu’elles pouvaient porter. Les autorités avaient promis de leur fournir de la nourriture et une aide mais ces promesses ne se sont pas concrétisées.

« Ce cercle vicieux des expulsions forcées ne pourra être brisé qu’avec la mise en place d’un plan de relogement durable garantissant le respect du droit à un logement convenable pour toutes les personnes concernées », a ajouté Sian Jones.

Un grand nombre des familles roms qui vivent à Vidikovac ont été renvoyées de force en Serbie par plusieurs États de l’Union européenne entre 2006 et 2008.

Beaucoup ont quitté le sud de la Serbie dans les années 1990 pour aller chercher du travail, car elles n’avaient pas trouvé de logement ou d’emploi suffisants après leur retour dans leurs villes d’origine, et se sont installées dans des quartiers informels occupés par des Roms à Belgrade.

Les autorités de la ville de Belgrade ont, semble-t-il, indiqué que ces quartiers allaient être supprimés en raison de l’absence des systèmes d’assainissements nécessaires. Elles n’ont cependant pas précisé où les familles vivant sur ce site allaient être relogées ni comment leurs droits humains seraient protégés après la destruction de leurs maisons.

« Les autorités agissent comme si c’était de notre faute si nous vivons dans ces endroits, comme si nous l’avions choisi. Mais que pouvons-nous faire d’autre ? Quand on est Rom on n’a pas tellement le choix », a expliqué le militant rom.

La campagne Exigeons la dignité menée par Amnesty International vise à mettre fin aux violations des droits humains qui génèrent et aggravent la pauvreté dans le monde. Cette campagne encourage les gens dans le monde entier à exiger que les gouvernements, les grandes entreprises et les autres détenteurs du pouvoir écoutent la voix de ceux qui vivent dans la pauvreté, et reconnaissent leurs droits pour mieux les protéger. Pour en savoir plus, rendez-vous sur http://demanddignity.amnesty.org/fr.

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