Sommet sur les OMD. Les dirigeants mondiaux négligent la défense des droits des plus pauvres

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

21 septembre 2010

Amnesty International a indiqué ce 21 septembre que le plan d’action approuvé par les gouvernements qui se rapporte aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) néglige la défense des droits des personnes les plus pauvres de la planète.

Bien que des éléments accablants prouvent que des millions de personnes sont oubliées par les OMD parce que des traitements discriminatoires et d’autres violations des droits humains les empêchent de bénéficier des services de base, les dirigeants mondiaux n’ont pas su saisir l’occasion qui leur était donnée de placer les droits humains au cœur des OMD lors d’un sommet des Nations unies se déroulant à New York cette semaine.

« Alors qu’il ne reste plus que cinq ans pour atteindre ces objectifs, il est totalement inacceptable que les dirigeants mondiaux n’aient toujours pas accepté de prendre des mesures concrètes pour en finir avec la discrimination et avec les autres violations des droits humains empêchant que les OMD ne profitent à ceux qui en ont le plus besoin », a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International.

« Si le plan d’action comporte des passages reconnaissant que le respect, la promotion et la protection des droits humains font partie intégrante du travail visant à concrétiser les OMD, il n’y a aucun suivi concernant les engagements pris en faveur d’une véritable action. »

Et malgré de nombreux discours soulignant l’importance de l’obligation de rendre des comptes, le sommet n’a pas permis de définir de méthode efficace pour responsabiliser les gouvernements et veiller ainsi à ce qu’ils respectent leurs engagements en faveur des OMD ou à ce que les efforts qu’ils déploient pour atteindre les OMD soient conformes à leurs obligations en matière de droits humains.

« En pratique, les dirigeants mondiaux nous demandent de leur faire confiance, une demande incongrue lorsque l’on mesure l’écart entre ce qu’ils sont censés faire et ce qu’ils ont accompli »
, a ajouté Salil Shetty.

La cible fixée dans le cadre des OMD en ce qui concerne les bidonvilles laisse sur le bord de la route plus d’un milliard de personnes depuis 10 ans, car elle ne vise à améliorer la vie que de 10 % des habitants de bidonvilles. Le plan d’action ne se préoccupe pourtant pas de cette grave difficulté, qui se pose avec de plus en plus d’acuité. Bien qu’il ne fasse aucun doute que les expulsions forcées enfoncent les gens encore plus profondément dans la pauvreté, compromettant ainsi tous les OMD, les gouvernements n’ont pas été exhortés à mettre fin à cette pratique. Le plan évoque plutôt une réduction de la population des bidonvilles, malgré la crainte que cela n’encourage davantage d’expulsions forcées.

Le Sommet n’a pas abordé les causes du manque de progression vers la réalisation des OMD. Par exemple, la question des avortements pratiqués dans des conditions dangereuses a été passée sous silence, bien qu’il s’agisse d’une des principales causes de mortalité maternelle et donc d’un frein important à la concrétisation de la cible des OMD relative à la mortalité maternelle.

Si le plan d’action met heureusement l’accent sur la lutte contre la discrimination de genre, il ne précise pas ce que les gouvernements doivent faire pour éradiquer la discrimination et les obstacles auxquels sont confrontés de nombreux autres groupes – dont les minorités, les personnes souffrant de handicaps et les peuples indigènes.

« Les gouvernements sont tenus, en vertu du droit international relatif aux droits humains, de défendre les droits de tous à la nourriture, à la santé, au logement et à l’eau. Ils ont pourtant gâché un temps précieux lors des négociations, en se disputant pour savoir si des engagements qu’ils ont pris en matière de droits humains il y a plus de 40 ans doivent être mentionnés dans le plan d’action »
, a déploré Salil Shetty.

« Si la raison d’être des OMD est d’amener de réels changements, les dirigeants mondiaux doivent faire concorder leurs politiques et pratiques nationales avec leur obligation de respecter et de promouvoir les droits humains », a-t-il poursuivi.

« Le Sommet n’a par permis de définir des mécanismes d’obligation de rendre des comptes qui soient clairs et contraignants. Les dirigeants mondiaux ont toutefois encore la possibilité d’agir – et de faire le nécessaire pour que les personnes les plus pauvres de la planète ne soient pas les laissés-pour-compte des OMD, a conclu Salil Shetty. Désormais, la seule manière d’avancer réside dans la capacité de chaque gouvernement à se fixer des buts à l’échelon national afin de concrétiser les droits économiques, sociaux et culturels. Ils doivent également agir pour mettre un terme aux discriminations et veiller à ce que les personnes vivant dans la pauvreté puissent participer à l’initiative OMD et contraindre leur gouvernement à rendre des comptes, par le biais des tribunaux et des organes de régulation. »

Les OMD, issus de la Déclaration du millénaire que les dirigeants de la planète ont adoptée il y a 10 ans en s’engageant à atteindre ces objectifs en 2015, restent la plus grande initiative mondiale de lutte contre la pauvreté.

Ils portent sur huit domaines principaux : 1) éliminer l’extrême pauvreté et la faim ; 2) assurer l’éducation primaire pour tous ; 3) promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes ; 4) réduire la mortalité infantile ; 5) améliorer la santé maternelle ; 6) combattre le VIH/sida, le paludisme et d’autres maladies ; 7) assurer un environnement durable ; 8) mettre en place un partenariat mondial sur le développement.

Pour plus d’informations, consultez le document d’Amnesty International intitulé
Des promesses à la réalisation – Il faut mettre les droits humains au cœur des objectifs du millénaire pour le développement (http://www.amnesty.org/fr/library/info/IOR41/012/2010/fr)

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit