Le gouvernement sud-soudanais, et plus particulièrement son Service national de la sûreté (NSS), se serait livré à des violations généralisées des droits humains commises en toute impunité, notamment des arrestations arbitraires, des détentions, et des tortures et des mauvais traitements en détention.
C’est la toute première fois que le gouvernement sud-soudanais est convoqué devant un tribunal régional pour des violations des droits humains imputables au NSS.
« Amnesty International salue cette mesure judiciaire qui offre une lueur d’espoir aux Sud-Soudanais ayant enduré des violations et des atteintes aux droits humains qui semblaient sans fin et sans aucune perspective de justice à l’horizon », a déclaré Seif Magango, directeur adjoint du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International.
Le 6 mars, la Cour de justice de la Communauté d’Afrique de l’Est qui siège à Arusha, en Tanzanie, dans le cadre d’une audience consacrée à la demande déposée par l’Union panafricaine des avocats (UPA), a cité le procureur général du Soudan du Sud à comparaître le 25 mars.
« Amnesty International salue cette mesure judiciaire qui offre une lueur d’espoir aux Sud-Soudanais ayant enduré des violations et des atteintes aux droits humains qui semblaient sans fin et sans aucune perspective de justice à l’horizon »
Il devra expliquer pourquoi Kerbino Agok Wol n’a toujours pas été présenté devant un tribunal compétent et impartial, 10 mois après son arrestation le 27 avril 2018. Il devra également expliquer pourquoi les autorités ont gelé les avoirs de cet homme et fermé ses comptes bancaires, et pourquoi il n’est pas autorisé à communiquer avec sa famille, à consulter un médecin ni à s’entretenir avec ses avocats.
Kerbino Agok Wol a été arrêté de manière arbitraire et placé en détention sans inculpation après avoir répondu à une convocation du Service national de la sûreté. Il a tout d’abord été incarcéré au centre de détention Blue House, notoire pour les tortures et les mauvais traitements qui y sont pratiqués.
À la suite d’une émeute qui a éclaté dans ce centre de détention le 7 octobre 2018, il aurait été placé à l’isolement. Son état de santé s’est alors gravement détérioré, une information qu’a pu confirmer Amnesty International.
Quelques jours après l’émeute, les autorités ont saisi les biens de Kerbino Agok Wol et gelé ses comptes bancaires personnels et professionnels.
« Cette décision de convoquer le gouvernement pourrait annoncer une autre voie très attendue afin de rendre justice aux victimes de violations des droits humains au Soudan du Sud, le système judiciaire national ayant gravement failli à ses obligations, a déclaré Seif Magango.
« Le gouvernement du Soudan du Sud doit l’envisager comme un coup de semonce et réformer son système judiciaire national, et prendre au sérieux l’obligation qui lui incombe d’enquêter sur les violations présumées des droits humains et d’engager les poursuites requises. »
Complément d’information
Kerbino Wol compte parmi les centaines de citoyens arrêtés illégalement par les autorités sud-soudanaises et détenus sans inculpation pendant des mois, voire des années. Pourtant, la libération des détenus est un pilier de l’accord de paix de septembre 2018. Si un petit nombre d’entre eux ont été libérés, la plupart demeurent incarcérés et le NSS continue de procéder à des arrestations arbitraires en toute impunité.