Sri Lanka. Au regard de nouvelles preuves vidéos portant sur des crimes de guerre présumés, l’ONU doit diligenter une enquête

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

8 décembre 2010

Des images vidéos qui présenteraient les preuves que des soldats sri lankais ont commis durant les derniers jours du conflit des crimes de guerre contre des membres des Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) soulignent la nécessité pour les Nations unies de diligenter une enquête indépendante, a déclaré Amnesty International mercredi 8 décembre.

La vidéo diffusée dans la soirée du 8 décembre par la chaîne de télévision britannique Channel 4 dévoilerait de nouvelles informations sur les lieux, la date et l’heure des événements, les unités militaires impliquées dans ces faits et l’identité d’au moins une victime. La vidéo de Channel 4 aurait été filmée dans le nord du Sri Lanka en mai 2009 et montrerait des soldats sri lankais procédant à l’exécution sommaire de prisonniers. Le 30 novembre, seul un extrait de la vidéo de cinq minutes avait été diffusé, le reste contenant des images considérées insoutenables. Channel 4 avait déjà diffusé un extrait similaire de la vidéo, mais plus court, en août 2009.

« La vidéo dans son intégralité est extrêmement choquante et on peut y voir semble-t-il plusieurs corps d’hommes et de femmes dénudés, dont beaucoup ont les yeux bandés et sont ligotés, illustrant ce qui s’apparente à l’exécution commise de sang froid de prisonniers. Si ces images correspondent à la réalité, ces agissements constituent un crime de guerre, a indiqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Les autorités sri lankaises ont rejeté catégoriquement cette vidéo, ainsi que les précédentes, les qualifiant de fallacieuses, et ont balayé d’emblée les informations selon lesquelles leurs forces s’étaient livrées à des crimes de guerre. Cette position est de plus en plus difficile à défendre. Une enquête doit être diligentée afin d’examiner les crimes de guerre dont se seraient rendus responsables tous les belligérants. »

Channel 4 a identifié l’une des victimes apparaissant sur la vidéo comme étant une jeune tamoule sri lankaise du nom de Shoba, alias Isaippiriya, journaliste travaillant pour les LTTE, dont on peut voir le cadavre dans la vidéo diffusée initialement le 30 novembre. Amnesty International a reçu des informations indépendantes confirmant l’identité de la jeune femme.

« La divulgation de détails clés, tels que le lieu et l’heure où ces images ont été prises, constitue un fait nouveau d’importance, a expliqué Sam Zarifi. Comment ignorer ces éléments de preuve, alors qu’il est possible d’identifier des victimes telles que Shoba et, semble-t-il, de déterminer le lieu où elle se trouvait juste avant d’être tuée et la date et l’heure approximative de sa mort. »

La vidéo de Channel 4 laisse aussi entendre un dialogue au cours duquel des soldats se livreraient à des commentaires obscènes sur les femmes mortes.

Le 21 juin 2009, le ministère sri lankais de la Défense a divulgué la liste des noms de dirigeants des LTTE qui, selon lui, avaient été tués le 18 mai 2009, dernier jour du conflit. D’après le ministère de la Défense, parmi les victimes figurait le « lieutenant-colonel Issei Piriya » de la branche Communication et Publicité des LTTE, tué par les troupes de la 53e division.


« Puisque le gouvernement sri lankais montre si peu d’empressement à ouvrir une enquête impartiale sur ses propres troupes ou à garantir l’obligation de rendre des comptes, il incombe désormais aux Nations unies d’assumer cette responsabilité, a conclu Sam Zarifi. Les éléments de preuve de plus en plus nombreux pointant du doigt des crimes de guerre mettent en lumière la nécessité d’obtenir des réponses claires et crédibles à ces questions plus qu’inquiétantes. »

FIN

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