Sri Lanka. Pour un nouveau départ : programme relatif aux droits humains destiné aux candidats à l’élection présidentielle

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-18 janvier 2010

Amnesty International appelle tous les candidats à l’élection présidentielle prévue le 26 janvier 2010 au Sri Lanka à mettre un terme aux violations généralisées des droits humains et à la culture de l’impunité qui minent le pays.

Ce 18 janvier, l’organisation a publié un programme en 10 points relatifs aux droits humains à l’intention de tous les candidats.

« Les candidats doivent s’engager à rétablir le respect des droits fondamentaux, tels que les droits à la vie et à la liberté, à mettre fin aux arrestations et détentions arbitraires, aux disparitions forcées et aux actes de torture, et à redonner sa place à la liberté d’expression, a déclaré Yolanda Foster, spécialiste du Sri Lanka à Amnesty International. À plus long terme, ce dont le pays a besoin, c’est de remettre sur pied ses institutions afin qu’elles puissent assurer la protection de la population, de manière efficace et sans discrimination. C’est le seul moyen de rétablir la confiance de la population dans le système judiciaire. »

Plus de 20 candidats se présentent à l’élection présidentielle, dont les principaux protagonistes sont le président Mahinda Rajapaksa et son ancien chef d’état-major des armées, le général en retraite Sarath Fonseka. Tous deux se sont vus attribuer le mérite de la victoire militaire contre les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) en mai 2009, tout en s’efforçant d’esquiver les critiques quant aux graves violations des droits humains et du droit humanitaire.

Des milliers de personnes sont mortes au cours de la dernière phase de la guerre, lorsque les forces gouvernementales ont pilonné des zones civiles densément peuplées. Quant aux LTTE, ils se sont servis de civils comme boucliers humains, ont ouvert le feu sur des civils qui tentaient de s’enfuir et les ont abattus. Les survivants ont été enfermés de force pendant des mois dans des camps pour personnes déplacées gardés par l’armée sri-lankaise. Le gouvernement a assoupli les restrictions imposées au droit de circuler librement en décembre 2009. Toutefois, dans ces camps et aux alentours, ces civils ont besoin d’aide et de protection.

« Les Sri-Lankais sont confrontés aux dernières exactions perpétrées par les deux parties au récent conflit, mais en réalité ils sont hantés par l’injustice et l’impunité depuis des années, a expliqué Yolanda Foster. Il est essentiel que les combattants et leurs supérieurs aient à répondre de leurs agissements durant les combats, mais l’obligation de rendre des comptes pour les actes commis par le passé n’est qu’une partie du défi à relever. Cette élection peut être l’occasion d’améliorer les droits humains de millions de personnes ; pour ce faire, les autorités doivent réellement s’engager à respecter les droits et à promulguer des réformes."

« Le gouvernement doit dès à présent prendre des mesures visant à améliorer la protection des droits fondamentaux. Il doit abroger les lois relatives à l’état d’urgence, notamment la Loi relative à la prévention du terrorisme (PTA). Des journalistes comme J.S. Tissanaiyagam ont été incarcérés à tort en vertu de ces textes de loi, tandis que des centaines de prisonniers détenus sans inculpation ni jugement ont tout simplement sombré dans l’oubli. »

L’armée détient sans inculpation plus de 11 000 personnes dans des bâtiments scolaires et d’autres centres de détention ad hoc dans le nord du Sri Lanka. Elle les soupçonne d’être des membres des LTTE qui ont fui la zone de conflit en même temps que les civils. Des centaines d’autres membres présumés des LTTE sont incarcérés sans être inculpés dans des prisons et autres centres de détention dans diverses régions du pays.

Les autorités doivent mettre fin à l’utilisation de centres illégaux et à la détention au secret, pratique dangereuse qui accroît les risques de torture et de disparition forcée. De tels agissements ont d’ailleurs été signalés à Amnesty International.

« Le passé du Sri Lanka est marqué par les disparitions forcées et la torture y est monnaie courante, particulièrement dans le nord et l’est du pays, et dans la capitale Colombo. Amnesty International demande aux candidats de s’engager à mettre un terme à ces pratiques et à aligner la législation nationale sur les normes internationales », a poursuivi Yolanda Foster.

L’organisation a exhorté tous les candidats à prendre l’engagement de mettre fin aux graves violations qui touchent les personnes exprimant des opinions dissidentes, notamment les défenseurs des droits humains, les avocats et les journalistes.

« Le Sri Lanka compte parmi les endroits les plus dangereux au monde pour les journalistes. Quinze ont trouvé la mort depuis 2004, tandis que beaucoup se réfugient dans la clandestinité et craignent pour leur vie. Les avocats et les défenseurs des droits humains sont menacés et agressés. La population n’a plus confiance dans la justice et la liberté d’expression et d’association est gravement compromise."

« Lassés par la loi des armes, les Sri-Lankais appellent de leurs vœux l’état de droit. Le Sri Lanka doit prendre un nouveau départ et mettre fin à l’impunité pour les violations des droits humains et du droit humanitaire. Il est temps pour le gouvernement de mettre ses paroles en actes et de prendre des mesures afin de remédier aux violations des droits humains », a conclu Yolanda Foster.

Complément d’information

Quelque 100 000 personnes ayant fui la zone de conflit dans le nord se trouvent toujours dans des camps et dépendent du gouvernement pour bénéficier d’un abri et de secours. Bien d’autres en sont aux premiers stades d’un retour ou d’une réinstallation et ont encore besoin de protection et d’aide humanitaire. Assurer la protection, fournir de l’aide et faire respecter les droits des personnes déplacées et des victimes de la guerre qui viennent de se réinstaller au Sri Lanka demeurent une priorité cruciale.

Les journalistes et les défenseurs des droits humains ne sont pas autorisés à se rendre dans les camps hébergeant des personnes déplacées, à rendre compte des conditions auxquelles elles sont confrontées, ni à recueillir des témoignages sur ce qu’elles ont vécu dans la zone de conflit.

Les personnes déplacées doivent jouir du droit de circuler librement, du droit à la liberté et à la sécurité, ainsi que des droits à la santé, à l’éducation et à des conditions de vie satisfaisantes.

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