SRI LANKA : Selon plusieurs groupes de défense des droits humains, des meurtres imputés aux LTTE continuent d’être perpétrés en toute impunité

Index AI : ASA 37/003/2003
ÉFAI

Mercredi 7 août 2003

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

De sérieux éléments de preuve laissent à penser que les Liberation Tigers of
Tamil Eelam (LTTE, Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul) mettent à profit le
cessez-le-feu conclu avec le gouvernement du Sri Lanka pour assassiner des
opposants politiques, ont déclaré ce mercredi 7 août 2003 Human Rights Watch
et Amnesty International.

« La fin des combats au Sri Lanka n’a pas été synonyme d’arrêt des tueries,
a déclaré Brad Adams, directeur exécutif de la division Asie de Human Rights
Watch. Des membres de partis politiques tamouls se font assassiner et les
éléments de preuve dont on dispose accusent les Tigres tamouls. »

Human Rights Watch a rendu public ce mercredi un rapport demandant à la Sri
Lankan Monitoring Mission (SLMM, Mission de surveillance à Sri Lanka)
dirigée par la Norvège d’enquêter de façon plus agressive et de rendre
publiques ses conclusions sur les affaires signalées comme étant des cas de
violence politique. Dans une lettre ouverte qui sera rendue publique le 12
août, Amnesty International appelle les LTTE, la SLMM et la police
sri-lankaise à prendre des mesures immédiates pour que soit mis un terme aux
atteintes aux droits humains et pour traduire en justice les personnes
soupçonnées d’être responsables de ces crimes.

Au moins 22 personnes ayant des liens avec des partis politiques tamouls
opposés aux LTTE ont été tuées dans des attaques à caractère politique
depuis la signature du cessez-le-feu entre le gouvernement du Sri Lanka et
les LTTE en février 2002. De nombreuses autres personnes ont été enlevées,
leur sort reste inconnu à ce jour. À plusieurs reprises, des témoins ont
identifié les agresseurs comme étant des membres des LTTE. Tout indique
qu’il s’agit d’une campagne systématique d’attaques par les LTTE pour faire
taire les voix dissidentes.

« Toute amélioration de la situation des droits humains au Sri Lanka risque
d’être remise en cause par ces homicides, a déclaré Ingrid Massage,
directrice par intérim du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.
Le recours à la violence et à des assassinats politiques menace gravement
toute perspective d’établissement d’un système juste de gouvernance au
service de tous les citoyens du Sri Lanka. »

La Mission de surveillance à Sri Lanka se compose d’environ 50 observateurs
venus de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark et d’Islande. À ce
jour, cette mission d’observation a appliqué son mandat à la lettre. Bien
qu’elle traite de plus en plus de plaintes pour atteintes aux droits humains
à l’encontre de civils, en particulier des affaires d’enlèvement d’enfants
destinés à être enrôlés et d’extorsions de fonds, elle n’a mené aucune
enquête approfondie sur ce qui a été décrit comme des assassinats
politiques.

« Nous sommes préoccupés par le fait que la Norvège semble réticente à
enquêter sur ces crimes de crainte de compromettre son rôle de médiateur
dans les pourparlers entre les LTTE et le gouvernement », a déclaré Brad
Adams. Human Rights Watch a demandé à la Mission d’observation à Sri Lanka
de revoir sa capacité à mener des enquêtes approfondies dans ce genre
d’affaires.

La police sri-lankaise et les LTTE doivent également agir pour que cessent
ces meurtres. « Tout en étant conscient des difficultés rencontrées par la
police dans ce genre d’enquête, on ne peut accepter cela comme excuse pour
n’avoir encore traduit en justice aucune des personnes soupçonnées d’être
responsables, a déclaré Ingrid Massage. Si l’on s’en tient aux très fortes
présomptions qui pèsent sur eux, c’est aux LTTE que revient la
responsabilité de faire cesser ces meurtres immédiatement ; les LTTE
doivent également veiller à ce que leurs membres se conforment strictement
aux dispositions relatives aux droits humains prévues dans l’accord de
cessez-le-feu. Ils doivent enfin pleinement coopérer aux enquêtes menées par
la Mission d’observation à Sri Lanka. »

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