Communiqué de presse
Embargo : 25 novembre 2009, 00:01 GMT
Une interdiction des minarets empêcherait la Suisse de respecter ses obligations découlant de la liberté de religion, a déclaré Amnesty International à l’approche dimanche d’une votation sur un amendement constitutionnel en ce sens.
La proposition, formulée par des membres de deux partis politiques, demande aux citoyens suisses s’ils désirent ou non ajouter la phrase : « La construction de minarets est interdite » à l’art. 72 de la Constitution fédérale.
« Contrairement à ce que prétendent les auteurs de l’initiative, une interdiction générale de construire des minarets violerait le droit des musulmans de Suisse de manifester leur religion », a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
« Une interdiction de construire des minarets, comparée par exemple à l’autorisation de construire des clochers, constituerait une discrimination sur la base de la religion. »
Les auteurs de l’initiative prétendent que la construction de minarets n’est pas protégée par la liberté de religion parce que ceux-ci n’ont « aucune signification religieuse ». Ils affirment que les minarets sont « les symboles d’une volonté d’imposer un pouvoir politico-religieux qui menace – au nom de la prétendue liberté de religion – les droits constitutionnels des autres ».
L’islam est, par le nombre de fidèles, la deuxième religion de Suisse après le christianisme. Les musulmans représentent plus de quatre pour cent de la population du pays.
Il existe des centaines de lieux de culte (la plupart situés dans des immeubles commerciaux ou des résidences privées) dans le pays, mais seuls quatre minarets ont été construits.
Le gouvernement suisse et tous les autres partis politiques importants recommandent de voter non.
Les dirigeants religieux locaux chrétiens, juifs et musulmans ont également uni leurs forces pour rejeter une interdiction des minarets.
L’initiative représente, selon eux, également une menace sur les relations pacifiques entre les religions et un obstacle aux efforts d’intégration des musulmans en Suisse.
« Si l’on peut admettre, dans un cas précis, des raisons légitimes d’interdire la construction d’un minaret, il n’existe aucune justification d’ordre public pour une interdiction générale », a déclaré Nicola Duckworth.
« Une modification de la Constitution qui donnerait carte blanche à l’interdiction totale de construire des minarets doit être clairement rejetée. Un refus est important parce qu’il renforcerait l’égalité des droits pour tous les personnes vivant en Suisse. »
Voir également : Suisse. L’interdiction de la construction de minarets serait une violation du droit international relatif aux droits humains (EUR 43/001/2009).