Syrie. Amnesty International se réjouit de la libération d’un prisonnier d’opinion

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International s’est félicitée ce vendredi 8 août de la libération du prisonnier d’opinion syrien Aref Dalilah.

« Nous espérons que la libération longuement attendue d’Aref Dalilah sera suivie de celle de tous les autres prisonniers d’opinion incarcérés en Syrie »
, a déclaré l’organisation.

Aref Dalilah, qui a purgé, le plus souvent à l’isolement, sept des dix années d’emprisonnement auxquelles il avait été condamné, a été libéré à la faveur d’une grâce présidentielle. On ignore les raisons exactes de sa libération mais elles pourraient avoir un lien avec la détérioration de son état de santé. Aref Dalilah a déclaré qu’il n’avait pas été informé de conditions ou de restrictions assorties à sa libération, mais qu’il ne savait pas s’il pourrait se rendre à l’étranger.

Depuis son arrestation le 9 septembre 2001, des milliers de membres d’Amnesty International menaient campagne dans le monde pour obtenir la libération de celui que l’organisation considérait comme un prisonnier d’opinion.

S’adressant ce jour à Amnesty International, Aref Dalilah a déclaré : « Je remercie tous les gens d’Amnesty International pour ce qu’ils ont fait et tous ceux qui ont participé à des actions en ma faveur. Nous nous battons ensemble pour la justice et la démocratie. Cette lutte se poursuit ».

Aref Dalilah faisait partie des dix personnes arrêtées lors du « Printemps de Damas », brève période, après l‘arrivée au pouvoir du président Bachar el Assad en juillet 2000, durant laquelle les autorités ont permis une plus grande liberté d’expression et se sont montrées plus tolérantes à l’égard des activités en faveur de réformes. Il avait écopé de la plus lourde peine.

Pour Amnesty International, la libération d’Aref Dalilah ne clôt pas le chapitre des détentions liées au « Printemps de Damas », deux autres membres du groupe du « Printemps de Damas » qui avaient déjà purgé leur peine ayant été de nouveau arrêtés et incarcérés. Kamal al Labwani a été condamné à une nouvelle peine de quinze ans d’emprisonnement pour ses activités en faveur de la démocratie, et Habib Saleh est actuellement en cours de jugement pour la publication d’articles politiques sur Internet.

Des centaines de prisonniers politiques sont toujours incarcérés en Syrie. Parmi eux figurent 14 personnes détenues depuis la fin de l’année 2007 pour leur participation au regroupement de plusieurs organisations favorables à la démocratie connu sous le nom de Déclaration de Damas pour un changement national démocratique.

Note

• Aref Dalilah était le doyen de la Faculté d’économie de l’Université d’Aleppo ; il aurait été démis de ses fonctions en raison de ses prises de position contre la corruption au sein du gouvernement et pour avoir demandé aux autorités d’assortir les réformes économiques d’une plus grande liberté d’expression.

• Son arrestation à Damas avait suivi sa participation à un séminaire dont les participants avaient débattu de la nécessité d’une réforme politique. Elle avait eu lieu pendant la vague de répression menée par les autorités syriennes contre les groupes de la société civile entre août et septembre 2001, au cours de laquelle au moins dix personnes avaient été arrêtées.

• Aref Dalilah avait été condamné à dix ans d’emprisonnement le 31 juillet 2002 par la Cour suprême de sûreté de l’État, dont les procédures sont loin de satisfaire aux normes internationales d’équité, pour « tentative visant à modifier la Constitution par des moyens illégaux ». Il s’agissait de la peine la plus lourde prononcée contre un des participants du « Printemps de Damas ».

• Aref Dalilah aurait été frappé à la prison d’Adra avant son procès. Son avocat Anwar al Bunni, qui est maintenant prisonnier d’opinion à la prison d’Adra, avait présenté un mouchoir tâché de sang pour prouver lors d’une audience devant la Cour suprême de sûreté de l’État, le 3 juin 2002, que son client avait été frappé. Le président du tribunal, un militaire, avait exclu Anwar al Bunni du tribunal en interdisant de manière définitive à l’avocat de revenir plaider devant cette instance.

• Aref Dalilah est très malade. Il est atteint de diabète et souffre d’une thrombose veineuse profonde, qui entraîne une obstruction partielle ou complète du débit sanguin dans sa jambe gauche. En mai 2006, il a eu un accident vasculaire cérébral qui a entraîné une perte de sensibilité dans le côté gauche de son corps.

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