Tchad. L’escalade de violence rend nécessaire le déploiement d’une force des Nations unies, équipée de moyens suffisants

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

AFR 20/012/2007 (Public)

Amnesty International a mis en garde ce jeudi 29 novembre contre l’absence de soutien technique aux forces de maintien de la paix au Tchad, au Darfour et en République centrafricaine, ce qui met en danger la vie des populations et ouvre la voie à un échec des efforts de la communauté internationale pour résoudre la crise humanitaire et relative aux droits humains qui sévit dans la région.

« L’escalade de la violence au Tchad souligne le besoin urgent de déploiement d’une force des Nations unies dans la partie orientale du pays immédiatement », a déclaré Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International.

La MINURCAT (Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad) devait être déployée en novembre, avec pour mandat de protéger les civils, appuyée par l’EUFOR, la force opérationnelle de l’Union européenne.

Au cours de ces derniers jours, de violents combats opposant l’armée nationale tchadienne à des mouvements armés d’opposition ont repris le long de la frontière entre le Tchad et el Soudan.

Malgré cette flambée de violence, le déploiement des troupes de l’EUFOR est retardé en raison du manque de moyens de transports terrestres et aériens. On se trouve là face au même problème que celui rencontré par les forces conjointes UE-UA au Darfour, dont le déploiement se heurte à des problèmes de sous-équipement notoire pour la tâche qui leur a été assignée.

« Les pays de l’UE ne nous ont même pas offert un hélicoptère pour soutenir cette force, envoyée ostensiblement pour protéger la vie et assurer la sécurité de centaines de milliers de civils extrêmement vulnérables au Tchad », a déclaré Tawanda Hondora.

« La vie de milliers de personnes dans l’est du Tchad, en République centrafricaine et au Darfour est mise en danger à cause de l’incapacité des États membres des Nations unies à s’engager à fournir les moyens de transport terrestres et aériens nécessaires à l’accomplissement de leur tâche de maintien de la paix en toute sécurité et avec efficacité. »

Depuis 2005, des milliers de personnes ont perdu la vie dans le conflit en cours dans la partie orientale du Tchad et 200 000 environ au Darfour. Des centaines de femmes et de jeunes filles ont été violées. Des villages entiers ont été pillés et incendiés. Plus de 170 000 personnes vivent aujourd’hui dans des camps pour personnes déplacées internes, disséminés dans la partie orientale du Tchad et plus d’un million vivent dans les mêmes conditions au Darfour.

«  Comment les forces de maintien de la paix pourraient-elles protéger les civils dans l’est du Tchad, en République centrafricaine et au Darfour, en respectant les délais prévus pour leur déploiement si elles ne disposent pas de moyens suffisants ? » s’est interrogé Hondora.

« Parler ou se tordre les mains de désespoir ne sert à rien. La communauté internationale doit à présent faire la preuve de sa sincérité et s’employer à résoudre cette crise en donnant de l’argent là où il y en a besoin et en fournissant l’équipement nécessaire aux forces envoyées pour protéger la population civile dans des circonstances extrêmement difficiles et dangereuses. »

Complément d’information

Au total, 240 000 réfugiés du Darfour ont fui devant les attaques perpétrées par les forces armées soudanaises, les milices Janjawid et des groupes armés d’opposition contre des villages du Darfour depuis 2003. Répartis dans 12 camps de réfugiés au Tchad, ils dépendent presque entièrement de l’aide humanitaire.

Les attaques à grande échelle et les déplacements forcés de population, commencés en 2005 au Darfour, se sont progressivement étendus au Tchad où les Janjawid et leurs alliés locaux tchadiens ont pillé des villages et tués des fermiers locaux. Plus de 180 000 Tchadiens vivent aujourd’hui dans des campements installés dans et autour des camps de réfugiés dans l’est du Tchad.

Le 25 septembre 2007, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté à l’unanimité la résolution 1778, autorisant la mise en place dans l’est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine d’une opération des Nations unies (MINURCAT), appuyée par une force militaire européenne.

Selon les termes de cette résolution, en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies, l’EUFOR a pour mandat de contribuer à la protection des civils.

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