Thaïlande. L’armée arrête des manifestants anti-corruption

L’arrestation d’un groupe de 37 militants en Thaïlande à l’approche d’une manifestation prévue contre la corruption illustre une nouvelle fois le fait que le gouvernement militaire se sert de pouvoirs arbitraires en matière de détention pour museler le militantisme pacifique, a déclaré Amnesty International lundi 7 décembre 2015.

Les 36 étudiants accompagnés d’un avocat ont été arrêtés lundi matin alors qu’ils se rendaient en train à Rajabhakti Park, dans la ville de Hua Hin, dans le centre de la Thaïlande, pour participer à une manifestation contre la corruption de la junte militaire.

Les autorités ont détaché le wagon du train en chemin et ont fait descendre par la force certains militants de leur compartiment, avant de les emmener en détention. Ils ont tous été relâchés un peu plus tard.

« Ces arrestations brutales et injustifiables soulignent la nécessité pour la Thaïlande de supprimer les pouvoirs de l’armée en matière de détention arbitraire, qui lui servent à harceler et criminaliser les dissidents pacifiques, a déclaré Champa Patel, directrice régionale du bureau Asie du Sud-Est et Pacifique d’Amnesty International.

« Ce groupe de personnes, dont certaines se sont vues refuser la possibilité de consulter un avocat, a été arrêté simplement pour avoir exercé sans violence leur droit de dénoncer des faits présumés de corruption. »

Les militants placés en détention englobent des étudiants et des militants pro-démocratie de l’association Citoyens résistants, ainsi que l’avocat Anon Numpa.

L’armée nie toute malversation financière concernant la construction du parc, qui fait l’objet d’une enquête quant à des paiements abusifs présumés.

Ce parc, qui rend hommage aux anciens rois thaïlandais, a ouvert en septembre 2015 et sa construction a coûté environ un milliard de baths thaïlandais (quelque 26 millions d’euros). Il a été fermé aujourd’hui pour « rénovation », à la suite des arrestations.

Cette mesure fait suite à la détention de deux anciens députés de l’opposition lundi 30 novembre, qui effectuaient le même voyage en train pour se rendre à Rajabhaktii Park. Ils ont été libérés le jour même.

« C’est la deuxième fois en une semaine que les autorités thaïlandaises se servent de pouvoirs arbitraires de détention en vue de faire taire toute dissidence pacifique, a déclaré Champa Patel.

« Elles continuent de piétiner les garanties relatives aux détenus, ce qui expose ces derniers à des violations des droits humains, comme la torture et les mauvais traitements.

« Elles doivent également abandonner toutes les charges portées à l’encontre de certains de ces militants – réunion politique illégale et trahison – pour leur rôle dans les manifestations pacifiques qui ont eu lieu cette année. »

Un porte-parole du gouvernement a déclaré que les militants avaient bafoué une loi interdisant les rassemblements publics de plus de cinq personnes pour des motifs politiques.

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