Tunisie, Les enquêtes sur les violences policières meurtrières doivent rendre justice

Les autorités tunisiennes doivent absolument réformer les forces de sécurité du pays pour mettre fin à l’impunité dont jouissent les policiers responsables de graves violations, y compris d’homicides illégaux, d’actes de torture et d’autres mauvais traitements, souligne Amnesty International dans le document rendu public le 4 avril.

Ce document, intitulé Tunisie. Quand fuir la police peut être mortel, présente quatre cas de violations commises par des policiers, dans lesquels les victimes et leurs proches attendent toujours que justice leur soit rendue. Dans deux de ces cas, la police a fait usage d’une force excessive qui a causé la mort des victimes.

« Les violences policières et les autres abus commis par la police restent impunis depuis beaucoup trop longtemps. Ces quatre cas sont représentatifs de l’impunité dont jouissent souvent les forces de sécurité. Il est grand temps que le gouvernement tunisien reconnaisse que le fait de mettre à l’abri de la justice les auteurs de violences policières et d’empêcher les enquêtes de progresser ne fait que perpétuer le cercle vicieux des violations des droits humains, a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

« Les autorités tunisiennes doivent opérer une réforme fondamentale de la police et des services de sécurité pour les mettre en conformité avec le droit international relatif aux droits humains et les normes connexes. Faute d’enquêtes indépendantes et impartiales sur les violations des droits humains commises par les forces de sécurité, des centaines de victimes de tels agissements dans toute la Tunisie vont continuer d’être privées de justice. »

Dans la grande majorité des cas, les enquêtes impliquant en tant que suspects des membres des forces de sécurité ne donnent pas lieu à des poursuites judiciaires aboutissant à la condamnation des auteurs de violations. L’on doute aussi sérieusement de l’indépendance et de l’impartialité de ces enquêtes.

Dans l’un des cas étudiés, Omar Labidi, 19 ans, est mort noyé le 31 mars 2018 après avoir été pris en chasse, à la sortie d’un stade de football, par des policiers qui l’ont poussé dans un cours d’eau – ils n’ont tenu aucun compte du fait qu’il leur a dit ne pas savoir nager. Une année s’est depuis écoulée, mais personne n’a eu à répondre de cet acte, et l’enquête judiciaire sur la mort du jeune homme semble à l’arrêt.

Autre cas, celui des frères Aly et Youssef Bouzwida, qui ont été frappés par des policiers à la suite d’un match de basket-ball à Radès, dans la banlieue sud de Tunis, en mai 2018. Ils attendent toujours qu’une enquête soit ouverte sur leur agression.

Amnesty International s’est également penchée sur le cas d’Ayman Othmani, 19 ans, qui a été abattu par des agents de la douane lors d’une opération menée contre un entrepôt à Tunis, en octobre 2018.

Le même mois, un autre jeune homme de 19 ans, Iheb, a été violemment frappé en détention et gravement blessé après son arrestation à la sortie d’un match de football.

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