La décision d’un tribunal tunisien d’accorder, lundi 29 juillet, un non-lieu à Amina Sboui, militante FEMEN âgée de 18 ans qui était jugée pour diffamation, n’est qu’une victoire partielle, a déclaré Amnesty International en demandant sa libération.
Amina Sboui a été arrêtée le 19 mai après avoir écrit le mot « Femen » – nom d’un réseau international de militantes féministes, célèbre pour les actions de protestation seins nus qu’il organise – sur le mur d’enceinte d’un cimetière à Kairouan, dans le centre de la Tunisie. Incarcérée depuis lors, elle a été accusée de diverses infractions – diffamation, outrage à fonctionnaire et profanation de cimetière, entre autres.
« Incarcérer une personne parce qu’elle s’est exprimée est totalement disproportionné. Le fait qu’Amina Sboui ait déjà passé deux mois en détention ne dit rien de bon sur l’état de la liberté d’expression en Tunisie », a souligné Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.
« Nous pensons que les accusations portées contre elle constituent une attaque politique contre son droit à la liberté d’expression, et estimons qu’elle doit être remise en liberté. »
Le 30 mai, deux semaines après son arrestation, Amina Sboui a été condamnée à une amende parce qu’elle était en possession d’un aérosol de gaz poivre. Elle a cependant été maintenue en détention sur la base d’autres chefs d’accusation – « profanation de cimetière », « appartenance à une organisation criminelle » et « atteintes aux bonnes mœurs ».
Les poursuites ont été abandonnées pour deux de ces chefs plus tôt ce mois-ci, mais Amina Sboui continue à encourir une peine pouvant aller jusqu’à deux ans de prison si elle est déclarée coupable de « profanation de cimetière ». Le parquet essaie par ailleurs de relancer les poursuites abandonnées ; un tribunal d’appel doit se prononcer sur la question jeudi 1er août.
« Les autorités tunisiennes ont recouru à des tactiques d’intimidation flagrantes contre Amina Sboui. En la maintenant en détention, elles essaient de faire un exemple de son cas afin de dissuader d’autres personnes de s’exprimer haut et fort ou de critiquer les autorités », a déploré Philip Luther.
Le 10 juillet, les avocats de la jeune fille ont appris que de nouvelles charges étaient retenues contre elle – celles de diffamation et d’« outrage à un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions », elle aussi finalement abandonnée lundi 29 juillet. Il est possible que le parquet fasse appel de cette décision.
Ces nouvelles poursuites ont été ouvertes après que quatre gardiens de prison aient affirmé qu’Amina Sboui les avaient insultés en intervenant en faveur d’une autre détenue.
« Personne ne doit être incarcéré pour avoir critiqué des représentants de l’État ou fait état de son opinion, même s’il est possible que certains trouvent celle-ci choquante, " indécente " ou " contraire aux bonnes mœurs " », a ajouté Philip Luther.
Amina Sboui, également connue sous le pseudonyme d’Amina Tyler, est devenue célèbre en mars 2013 après avoir publié une photo d’elle seins nus sur son profil Facebook.