Tunisie. Le gouvernement doit mettre fin au harcèlement des anciens prisonniers politiques

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI - 15 mars

Amnesty International a appelé le président tunisien à mettre fin au harcèlement des anciens prisonniers politiques, alors que le pays fête son indépendance nationale, le 20 Mars.

Des centaines de militants politiques ont été emprisonnés en Tunisie depuis que le président Zine El Abidine Ben Ali est arrivé au pouvoir en 1987. Il s’agit notamment de prisonniers d’opinion et de personnes condamnées à la suite de procès inéquitables. Cette situation reflète l’intolérance des autorités vis-à-vis de la dissidence. Beaucoup de prisonniers ont été libérés de prison ces derniers jours en raison d’une grâce présidentielle.

Ces libérations sont généralement conditionnelles. Les anciens prisonniers sont soumis à des restrictions très sévères qui les empêchent d’obtenir un emploi rémunéré ou de mener une vie normale. Ils subissent également une surveillance intensive et un harcèlement de la part des responsables de la sécurité.

« Les détenus libérés en vertu de la grâce présidentielle ne doivent plus faire l’objet de harcèlements et d’intimidations, mais doivent être autorisés à reprendre une vie normale », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Afrique et Moyen-Orient chez Amnesty International.

Ceux qui ont enfreint les restrictions qui leur étaient imposées, ou offensé les autorités de toute autre façon, risquent d’être rapidement renvoyés en prison.

Sadok Chourou, qui a passé 18 ans en prison avant sa libération conditionnelle en novembre 2008, a été ré-arrêté un mois plus tard, après avoir accordé des entrevues aux médias pour parler de son expérience carcérale et exprimé son point de vue sur la situation politique tunisienne. Sa libération conditionnelle a été révoquée. Il doit donc encore purger une année de sa peine initiale, plus une année supplémentaire d’emprisonnement. Il doit désormais être libéré en octobre 2010.

« La finalité de la réhabilitation est menacée quand d’anciens détenus sont soumis à une pareille oppression, qu’ils sont incapables d’obtenir un travail ou d’exercer leurs droits à la liberté d’expression et d’association. Ce harcèlement des anciens prisonniers doit cesser. »

Amnesty International vient de publier un document intitulé Libérés mais pas libres : Les anciens prisonniers politiques en Tunisie, qui met en lumière le sort de ces personnes soumises à de sévères restrictions et au harcèlement des autorités (surveillance policière constante, obligation de faire des rapports réguliers à la police et convocations multiples par la police pour interrogatoire, entre autres). On recense également divers cas de ré-arrestation après la sortie de prison. Certains anciens prisonniers se sont aussi vu refuser l’accès aux soins médicaux.

Beaucoup d’entre eux ont aussi été interdits de voyage hors du territoire tunisien et ne sont pas autorisés à circuler librement dans le pays.

Abdelkarim Harouni, qui a été placé sous surveillance policière après sa sortie de prison en novembre 2007, affirme que cette surveillance a eu un effet très négatif sur son bien-être et sur sa capacité d’interaction avec d’autres personnes :

« La peur règne parmi les membres de ma famille, mes voisins et mes amis, qui n’osent pas à nous rendre visite », a déclaré Abdelkarim Harouni.

Abdellatif Bouhajila n’a pas pu obtenir son dossier médical de l’hôpital où il était traité en prison, et ses rendez-vous hospitaliers ont été maintes fois annulés, ce qui l’a laissé sans traitement, alors qu’il avait besoin de soins urgents pour des affections cardiaques et rénales.

Amnesty International demande instamment au gouvernement tunisien de mettre fin au harcèlement et à l’intimidation des anciens prisonniers politiques, et de leur permettre de reprendre leur vie en tant que personnes libres.

L’organisation demande également aux autorités tunisiennes de libérer immédiatement et sans condition Sadok Chourou et tous les autres prisonniers d’opinion – notamment le journaliste Toufik Ben Brik – détenus pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression.

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