Par Jihane Bergaoui, spécialiste du Maroc et du Sahara occidental à Amnesty International États-Unis
Tunis a l’air d’une ville placée au carrefour d’une nouvelle identité, l’incertitude le disputant à l’inquiétude et à l’espoir. L’art de rue qui a foisonné lors de ce qu’on a appelé le Printemps arabe est encore très présent sur les bâtiments, témoignant à chaque coin de rue de l’espoir qui a nourri le soulèvement – la soif de liberté.
Cette soif de liberté prenait toute sa dimension la semaine dernière, alors que je me trouvais dans la capitale tunisienne en compagnie de mes collègues d’Amnesty International Tunisie, pour remettre une pétition signée par plus de 198 000 militants d’Amnesty International dans le monde entier.
Ensemble, nous appelons les autorités tunisiennes à mettre fin à la discrimination contre les femmes et les jeunes filles et à protéger les victimes de violence sexuelle.
Et nous remercions toutes les personnes qui sont passées à l’action, car nous avons aujourd’hui fait quelques pas dans la bonne direction.
Des représentants de l’État tunisien ont accepté en personne notre pétition lors d’une conférence de presse très médiatisée à Tunis. Ils ont promis de prendre des mesures spécifiques pour combattre les violences liées au genre : un projet de loi global qui permettrait de mieux protéger les droits des femmes en Tunisie doit être rendu public dans les semaines à venir.
« Le ministère s’efforce de créer un service médical légal à l’hôpital Charles Nicolle, qui comportera une unité judiciaire spécialisée dans les violences liées au genre afin d’accueillir des femmes victimes de violences conjugales », a déclaré Mohamed Salah Ben Ammar, ministre tunisien de la Santé.
Des avancées historiques
En 2014, la Tunisie a connu des avancées historiques en matière de droits des femmes. En janvier, le pays s’est doté d’une nouvelle Constitution comportant de solides protections pour les femmes. En mai, il a levé officiellement toutes ses réserves à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.
« Nous n’accepterons pas ces violences [liées au genre] et ce problème concerne tous les Tunisiens, les hommes comme les femmes. C’est une bataille qui touche l’ensemble de la société et opprime la moitié de la population », a déclaré Neila Chaabane.
En renouvelant son engagement envers l’élimination des violences liées au genre, la Tunisie contribue à faire tomber les barrières pour les femmes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Nous saluons cette dynamique dans le combat contre ces violences, mais il reste beaucoup à faire pour protéger les femmes et les jeunes filles contre les violences sexuelles.
Rejoignez-nous du 25 novembre au 10 décembre pour 16 Jours d’action contre la violence liée au genre, et exprimez votre solidarité avec les victimes de violences sexuelles et liées au genre en Algérie, au Maroc et Sahara occidental et en Tunisie, dans le cadre de la campagne Mon corps, mes droits, campagne mondiale d’Amnesty International sur les droits en matière de sexualité et de procréation.
Pendant ces 16 jours, nous organisons cinq actions contre la violence liée au genre sous toutes ses formes dans le monde, tout en célébrant les héros du monde entier qui défendent les droits des femmes. Rejoignez-nous, apportez votre pierre à l’édifice.