Tunisie. Une enquête doit être menée de toute urgence sur les violations présumées des droits humains dans la région de Gafsa

DÉCLARATION PUBLIQUE

Index AI : MDE 30/013/2008 -
ÉFAI

Ce mercredi 3 décembre 2008, à la veille du procès d’un dirigeant syndicaliste local et de 37 autres personnes accusés d’avoir fomenté des troubles lors de manifestations survenues plus tôt dans l’année dans la région de Gafsa, Amnesty International a appelé le gouvernement tunisien à ordonner l’ouverture d’une enquête indépendante sur les allégations de torture et d’autres violences aux mains des forces de sécurité lors de la répression de ces manifestations. Adnan Hajji, secrétaire général du bureau local de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), à Redeyef, et ses coaccusés doivent comparaître le 4 décembre 2008 pour, entre autres, « formation d’un groupe criminel dans l’intention de détruire des biens publics et privés ». Ils encourent jusqu’à plus de dix ans de prison. Au moins six des 38 coaccusés seront jugés par contumace.

Dans une lettre adressée à Béchir Tekkari, ministre tunisien de la Justice et des Droits de l’homme, Amnesty International a appelé les autorités à révéler les conclusions d’une enquête officielle qui aurait été ouverte après que la police eut ouvert le feu sur des manifestants le 6 juin 2008, faisant un mort et plusieurs blessés et déclenchant des accusations de recours excessif à la force. Cette lettre contenait aussi des exemples détaillés de cas dans lesquels des personnes soupçonnées d’avoir organisé ou participé à des manifestations auraient été arrêtées et torturées par des policiers, qui les auraient forcées à signer des déclarations compromettantes susceptibles d’être utilisées contre elles au tribunal, et qui auraient falsifié leurs dates d’arrestations dans les registres officiels.

Complément d’information

Située dans le sud-est de la Tunisie, la région de Gafsa, riche en phosphate, a été le théâtre d’une vague de manifestations populaires au cours du premier semestre 2008. Celles-ci ont commencé dans la ville de Redeyef après l’annonce, par le premier employeur de la région, la Compagnie des phosphates de Gafsa, des résultats d’une campagne de recrutement. Des accusations de fraude ont été lancées par les personnes dont la candidature n’avait pas été retenue, ainsi que par d’autres, dont l’UGTT. Les manifestations, qui ont évolué vers des revendications plus générales sur le taux de chômage élevé et l’augmentation du coût de la vie, se sont étendues à d’autres villes, entraînant le déploiement par les autorités d’importants effectifs de police et d’autres forces de sécurité dans la région. Des centaines de manifestants ont été arrêtés et plus de 140 inculpés ; parmi eux, certains ont été reconnus coupables et condamnés à des peines d’emprisonnement.

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