« La décision inexplicable rendue ce 22 mai par la plus haute instance judiciaire de Turquie remue le couteau dans la plaie de l’injustice. Les droits d’Osman Kavala ont été bafoués. Il n’aurait jamais dû passer un seul jour derrière les barreaux ; or, il est enfermé depuis près de 600 jours. Les charges retenues contre lui doivent être abandonnées et il doit être libéré immédiatement, a déclaré Milena Buyum, chargée de campagne sur la Turquie à Amnesty International.
« Les accusations extravagantes portées à son encontre traduisent une volonté de réécrire l’histoire et de faire taire l’une des figures de proue de la société civile turque.
« Dans le droit fil d’une décision rendue au début du mois rejetant les requêtes des journalistes incarcérés Ahmet Altan et Nazlı Ilıcak, la décision de la Cour constitutionnelle prolonge la détention d’un citoyen qui n’aurait jamais dû être envoyé en prison.
« Tous les regards sont désormais tournés vers la Cour européenne des droits de l’homme, qui examine actuellement le cas d’Osman Kavala et doit sans attendre remédier à cette parodie de justice. »
Complément d’information
Osman Kavala a été arrêté par la police le 18 octobre 2017 à Istanbul. Le 1er novembre, il a été placé sur décision judiciaire en détention provisoire dans l’attente de son procès pour avoir « tenté de modifier l’ordre constitutionnel, tenté de renverser le gouvernement de la République turque ou de l’empêcher d’exercer ses fonctions ». Dans les jours et les semaines qui ont suivi, une campagne de dénigrement a été lancée contre lui par les médias favorables au gouvernement, sur la base d’informations de l’enquête qui avaient été divulguées. Selon ces médias, Osman Kavala aurait été interrogé sur ses liens avec les instigateurs présumés de la tentative de coup d’État de juillet 2016.
Après plus d’un an et demi de détention, cette campagne de dénigrement orchestrée dans les médias progouvernementaux est principalement axée sur la contribution d’Osman Kavala aux manifestations du parc Gezi, affirmant qu’il a financé la contestation et tenté de l’essaimer dans d’autres villes en Turquie.
Osman Kavala compte parmi un groupe de 16 prévenus inculpés de graves chefs d’accusation qui emportent la plus lourde peine prévue par le droit pénal turc : la réclusion à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Le 4 mars 2019, la cour pénale spéciale n° 30 d’Istanbul a accepté l’acte d’accusation daté du 19 février. La première audience dans cette affaire est fixée aux 24 et 25 juin à la prison de Silivri, où Osman Kavala et un autre accusé, Yigit Aksakoglu, sont incarcérés.