Réagissant à cet acquittement, Milena Buyum, chargée de campagne sur la Turquie à Amnesty International, a déclaré :
« Nous sommes soulagés de savoir que l’épreuve qu’ont traversée Şebnem Korur Fincancı, Erol Önderoğlu et Ahmet Nesin est enfin terminée. Après presque trois années de poursuites judiciaires infondées, ces trois défenseurs des droits humains qui ont défendu la liberté de la presse en exprimant leur solidarité avec des journalistes persécutés ont enfin été acquittés.
« Il était évident depuis le début que ces poursuites étaient totalement infondées. Les accusations absurdes retenues contre eux et contre de nombreuses autres personnes ayant également participé à la campagne de solidarité, visaient manifestement à réduire au silence et à intimider les défenseurs des droits, les journalistes et la société civile en général, en Turquie.
« Nous nous réjouissons de leur acquittement, mais d’autres personnes qui ont elles aussi exprimé leur solidarité avec le journal Özgür Gündem ont été déclarées coupables, et certaines d’entre elles ont même purgé des peines. Les autorités doivent immédiatement abandonner toutes les poursuites engagées contre les personnes qui ont été inculpées et mettre fin au harcèlement judiciaire des défenseurs des droits humains en Turquie. »
Complément d’information
Erol Önderoğlu (représentant de Reporters sans frontières en Turquie et membre de l’Institut international de la presse), Şebnem Korur Fincancı (présidente de la Fondation turque des droits humains) et l’écrivain Ahmet Nesin ont été arrêtés en 2016 après avoir symboliquement assumé pendant une journée le rôle de rédacteurs en chef d’Özgür Gündem dans le cadre d’une campagne de solidarité avec ce journal, qui a depuis été fermé.
Au total, sur les 56 personnes qui ont participé à cette campagne de solidarité, 49 ont fait l’objet de poursuites pénales. Parmi elles, 38 ont finalement été accusées en raison de leur participation à la campagne de solidarité pour laquelle ils ont assumé pendant une journée le rôle de rédacteurs en chef du journal Özgür Gündem.
Sur les 31 personnes dont le procès a pris fin, quatre ont été acquittées et 27 ont été condamnées à un total de 24 ans d’emprisonnement et de 67 000 livres turques (environ 10 500 euros) d’amende. Deux de ces personnes, le défenseur des droits Murat Çelikkan et l’écrivaine et journaliste Ayşe Düzkan, n’ont pas bénéficié d’un sursis et ils ont été emprisonnés pour deux et cinq mois respectivement. Ils ont bénéficié d’une libération sous caution assortie d’un contrôle judiciaire pour le reste de leur peine.