« Si nous nous réjouissons de la reconnaissance accordée à Osman Kavala à la faveur de ce prix prestigieux dans le domaine des droits humains, le fait qu’il ne puisse pas se rendre à Strasbourg pour le recevoir en personne nous brise le cœur. Ayant déjà passé presque six ans en prison, il croupit derrière les barreaux en Turquie, condamné à la prison à perpétuité pour des motifs politiques sans possibilité de libération conditionnelle, a déclaré Dinushika Dissanayake, directrice régionale adjointe pour l’Europe à Amnesty International.
« Le prix décerné ce jour est particulièrement émouvant, 10 jours seulement après que la plus haute cour d’appel de Turquie a laissé passer une occasion cruciale de mettre un terme à cette parodie de justice. Elle a rejeté l’appel d’Osman Kavala, une décision défiant toute logique : les autorités chargées des poursuites ont plusieurs fois omis de fournir des preuves permettant d’étayer les accusations sans fondement portées contre lui. Il est inquiétant de constater que le système judiciaire turc a permis ces persécutions à caractère politique.
« Tandis que les autorités turques utilisent des tactiques inadmissibles pour faire taire les voix critiques, le prix décerné aujourd’hui montre que si Osman Kavala est hors de notre vue, il n’est pas tombé dans l’oubli et la demande en faveur de sa libération connaît un écho grandissant »
« En outre, il est important que ce prix soit décerné à Strasbourg, où la Cour européenne des droits de l’homme a statué à deux reprises que la détention d’Osman Kavala était contraire à la Convention européenne des droits de l’homme et a demandé sa libération immédiate.
« Tandis que les autorités turques utilisent des tactiques inadmissibles pour faire taire les voix critiques, le prix décerné aujourd’hui montre que si Osman Kavala est hors de notre vue, il n’est pas tombé dans l’oubli et la demande en faveur de sa libération connaît un écho grandissant. »
Complément d’information
Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe a demandé à plusieurs reprises la libération d’Osman Kavala conformément à l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme. La Turquie a ignoré cette décision juridiquement contraignante et refusé de le libérer, ce qui a entraîné le renvoi de l’affaire devant la Cour européenne et l’ouverture d’une procédure d’infraction, rarement employée, qui a débouché sur la confirmation des violations.
Deux autres militant·e·s des droits humains avaient été présélectionnés pour ce prix : l’Ukrainien Evgueni Zakharov et la Polonaise Justyna Wydrzyńska, pour qui Amnesty International fait campagne depuis des années.