- Les États membres doivent réformer le système d’asile lors d’une réunion du Conseil européen.
- Le système sépare des familles et sème la discorde parmi les partenaires de l’Union européenne.
- Le manque de solidarité interne favorise un projet dangereux qui abandonner à leur sort les réfugiés et demandeurs d’asile dans des pays extérieurs à l’Europe.
Les chefs d’État et de gouvernement européens doivent profiter de ces rencontres pour discuter de mesures visant à renforcer le contrôle des frontières extérieures de l’UE et de réformes du règlement de Dublin.
« Au lieu de cibler leurs efforts pour parvenir à un accord sur la réforme du règlement de Dublin, certains dirigeants européens ont imaginé un projet de dernière minute comportant des plateformes de débarquement pour les réfugiés et demandeurs d’asile – un concept aussi irresponsable que dangereux, a déclaré Iverna McGowan, directrice du bureau européen d’Amnesty International.
« Les défis auxquels nous sommes confrontés exigent une direction plus courageuse de la part du Conseil européen. La population européenne et les réfugiés ne méritent rien de moins. »
Les conclusions du Conseil récemment divulguées englobent des mesures visant à renforcer le soutien aux garde-côtes libyens et autres entités libyennes. Cette approche se traduit par des violations des droits humains, notamment pour les personnes renvoyées en Libye – torture, viol et autres formes de violence notamment.
« La logique qui consiste à faire assumer la responsabilité d’accueillir les demandeurs d’asile et les réfugiés à des pays voisins, à l’intérieur ou à l’extérieur des frontières de l’UE, est biaisée et ne s’inscrit pas dans la durée. Les États membres doivent trouver des solutions fondées sur la solidarité, entre eux et avec les régions extérieures à l’Europe, a déclaré Iverna McGowan.
« En s’appuyant sur les principes fondateurs de l’UE de respect pour les droits humains et de solidarité entre les États membres, cette génération de leaders européens doit trouver une solution durable à l’une des questions les plus urgentes de notre temps. »
Complément d’information
Amnesty International a fait clairement savoir que la réforme doit absolument comporter un mécanisme de répartition obligatoire, qui permette de partager entre tous les États membres la responsabilité envers les demandeurs d’asile. Ce serait à la fois équitable et efficace : si tous les États membres sont impliqués et que les responsabilités sont clairement définies, les demandes d’asile seront traitées beaucoup plus vite. En outre, les procédures étant prévues, cela évitera les tensions que l’on observe aujourd’hui entre les États membres, notamment lorsque des navires qui secourent des réfugiés et des migrants en mer demandent des instructions sur le lieu où les débarquer.
Amnesty International a fait clairement savoir que la réforme doit absolument comporter un mécanisme de répartition obligatoire, qui permette de partager entre tous les États membres la responsabilité envers les demandeurs d’asile.
Un système réformé devrait renforcer les règles pour le regroupement familial. Les demandeurs d’asile ne doivent pas être contraints de voyager clandestinement au sein de l’Union européenne pour retrouver leur famille. Des règles draconiennes devraient exiger des administrations des États membres qu’elles enquêtent de manière proactive sur d’éventuels liens familiaux et facilitent le regroupement familial au moyen de procédures rapides.
Étonnamment, la définition de la famille dans le règlement actuel n’inclut pas les frères et sœurs. Il convient de la rectifier. Le nouveau système doit aussi considérer les liens familiaux plus larges comme un facteur de relation pertinent. Dans de nombreux cas, le cercle familial élargi est tout aussi important pour la vie de famille que la seule famille nucléaire et, dans un contexte de déplacement forcé, peut apporter un soutien essentiel à des demandeurs d’asile souvent traumatisés et vulnérables.