En dépit d’éléments de preuve, les autorités du Royaume-Uni nient l’usage de sous-munitions britanniques dans le cadre du conflit au Yémen
Amnesty International a publié des informations détaillées qui réfutent les affirmations du gouvernement du Royaume-Uni selon lesquelles la coalition dirigée par l’Arabie saoudite n’a utilisé aucune bombe à sous-munitions de fabrication britannique durant le conflit qui a éclaté au Yémen en mars 2015.
L’organisation a récemment découvert des éléments indiquant que la coalition dirigée par l’Arabie saoudite a utilisé une bombe à sous-munitions BL-755 de fabrication britannique lors d’une attaque contre le village d’al Khadhra dans le gouvernorat d’Hajja, au Yémen, à environ 10 kilomètres de la frontière saoudienne.
Le 24 mai, Philip Dunne, ministre britannique de la Défense chargé de l’équipement, du soutien et de la technologie, a mis en doute ces éléments en faisant valoir que cette bombe pouvait provenir d’un conflit précédent.
« Il est honteux que le gouvernement britannique cherche à se soustraire à ses responsabilités, en réfutant l’usage au Yémen de bombes à sous-munitions fournies par le Royaume-Uni à la coalition que dirige l’Arabie saoudite, lors même qu’Amnesty International a recueilli sur le terrain des preuves exhaustives et convaincantes, a déclaré Lama Fakih, conseillère pour les situations de crise à Amnesty International.
« En s’abstenant d’ouvrir une enquête sur l’utilisation de bombes à sous-munitions de fabrication britannique, le gouvernement du Royaume-Uni fait preuve de son indifférence à l’égard de la vie des civils au Yémen. »
Dans son enquête sur l’usage de bombes à sous-munitions BL-755 au Yémen, Amnesty International a analysé des photographies de l’arme sur le site de l’impact, inspecté la bombe BL-755 partiellement explosée dans un entrepôt de déminage et mené des entretiens avec des témoins locaux et des experts du déminage.
L’enquête sur l’usage de bombes à sous-munitions par la coalition militaire que dirige l’Arabie saoudite dans les gouvernorats de Saada et d’Hajja, près de la frontière entre le Yémen et l’Arabie saoudite, a révélé qu’au moins 16 civils, dont neuf enfants, ont été tués ou blessés par des bombes à sous-munitions de juillet 2015 à mai 2016. Les frappes aériennes menées par la coalition ont également tué et blessé des milliers de civils au Yémen depuis le début du conflit.
Le Royaume-Uni doit appeler la coalition dirigée par l’Arabie saoudite à cesser tout usage d’armes à dispersion et à fournir sans délai à l’ONU les sites précis d’attaques impliquant de telles armes afin de faciliter le déminage et de prévenir les civils des risques.