Viêt-Nam. Halte aux agressions des défenseurs des droits humains

Les autorités vietnamiennes doivent faire cesser la vague d’agressions particulièrement violentes visant des défenseurs des droits humains, et mettre un terme à l’impunité persistante en veillant à ce que les responsables soient traduits en justice, a déclaré Amnesty International.

Lors de la dernière de ces agressions, survenue le dimanche 6 décembre 2015, quatre militants – dont Nguy ?n Vãn Ðài, éminent avocat défenseur des droits humains et ancien prisonnier d’opinion – ont été enlevés et frappés par un groupe de 20 hommes en civil. Ils revenaient d’un forum public sur les droits constitutionnels organisé dans la province de Ngh ? An, et dont les autorités avaient tenté d’empêcher la tenue.

« Les violentes attaques contre des défenseurs des droits humains sont devenues monnaie courante au Viêt-Nam, mais rien n’est fait pour en traduire les responsables en justice. Il faut mettre immédiatement un terme à cette vague de violence », a déclaré John Coughlan, chercheur sur le Viêt-Nam à Amnesty International.

« Au Viêt-Nam, les militants pacifiques travaillent dans des conditions extrêmement difficiles et sont soumis à des restrictions inacceptables de leurs droits à la liberté d’expression et de réunion. Il est scandaleux qu’ils risquent leur santé et leur liberté simplement parce qu’ils défendent les droits humains. »

Les quatre militants – Nguy ?n Vãn Ðài, Tr ?n Quang Trung, V ? Vãn Minh et un quatrième homme dont on ignore l’identité – ont été interceptés alors qu’ils rentraient à Hanoï en taxi. Leurs agresseurs les ont extraits de force du véhicule, ainsi que le chauffeur, et les ont frappés à l’aide de gourdins en bois. Ils ont mis Nguy ?n Vãn Ðài à l’arrière d’une camionnette et l’ont roué de coups de poing et de coups de gourdin, avant de l’abandonner sur la plage de Cua Lo, à une vingtaine de kilomètres de la ville de Vinh. Les autres hommes ont été passés à tabac au bord de la route.

Tr ?n Quang Trung a été frappé si fort que le bâton utilisé par son agresseur s’est brisé.

Nguy ?n Vãn Ðài a été blessé au visage et à l’œil, et s’est fait dérober son portefeuille, son téléphone portable et sa veste, tandis que Tr ?n Quang Trung a été blessé à la cheville.

Nguy ?n Vãn Ðài est victime de manœuvres d’intimidation et a subi plusieurs agressions depuis qu’il a été libéré de prison en mars 2011, après avoir purgé une peine de quatre ans d’emprisonnement pour propagande contre l’État.

En mai 2014, il a été attaqué par six hommes en civil, qui l’ont blessé à la tête. En janvier 2015, deux hommes non identifiés ont fait irruption à son domicile et ont menacé de le frapper et de brûler sa maison.

Une violence bien établie

L’agression du 6 décembre 2015 est la dernière d’une série d’attaques et de violences à l’encontre de défenseurs des droits humains au Viêt-Nam. Ces actes se sont multipliés ces 18 derniers mois. Amnesty International a eu connaissance de plusieurs dizaines d’agressions de ce type, qui n’ont pratiquement jamais été relatées dans les médias contrôlés par l’État.

Le 3 novembre 2015, deux avocats, Tr ?n Thu Nam et Lê Vãn Luân, ont été frappés par des hommes au visage masqué alors qu’ils sortaient de chez Do Dang Du, un adolescent de 17 ans mort en détention en octobre à Hanoï. Les deux avocats venaient dispenser des conseils juridiques à la famille du jeune homme. Ils ont porté plainte et les autorités ont annoncé l’ouverture d’une enquête, mais personne n’a été arrêté.

Le 22 novembre 2015, Р? Th ? Minh H ?nh et Trýõng Minh Р?c, défenseurs des droits du travail et anciens prisonniers d’opinion, ont été passés à tabac par des hommes en civil, avant d’être arrêtés par des policiers en uniforme à Long Bình, dans la province de Р?ng Nai. Ils s’étaient rendus à Long Bình pour donner des conseils à propos du cas de 2 000 ouvriers d’usine qui avaient été licenciés par leurs employeurs sud-coréens.

Personne n’a eu à rendre de comptes pour aucune de ces attaques.

Un organisme d’enquête indépendant

Amnesty International appelle les autorités vietnamiennes à prendre des mesures immédiates pour faire cesser cette vague d’agressions et de violence et pour demander des comptes aux responsables présumés.
Le Viêt-Nam doit mettre en place un organisme indépendant et impartial chargé d’enquêter sur ces attaques et d’en poursuivre les responsables, quel que soit leur rang ou leur fonction officielle.

« Le seul moyen d’arrêter ce cycle d’agressions et de violence est de mettre un terme à l’impunité dont jouissent les auteurs de ces actes, et de faire clairement savoir que les attaques contre les défenseurs des droits humains sont inacceptables », a déclaré John Coughlan.

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