Communiqué de presse

Yémen. Les autorités doivent contenir les forces de sécurité à l’approche de manifestations

Pour éviter un nouveau bain de sang, les autorités du Yémen doivent veiller à ce que les forces de sécurité s’abstiennent de recourir à une force excessive lors des manifestations qui doivent avoir lieu samedi, a déclaré Amnesty International.

Des manifestations sont prévues dans la ville portuaire du sud du pays Aden samedi 30 novembre pour marquer le 46e anniversaire de l’indépendance du Yémen du Sud de l’occupation britannique. Les tensions se sont accrues au Yémen ces dernières années alors que de nombreux habitants du sud du pays demandent à être indépendants du Nord.

« Les manifestations ont toujours été dangereuses dans le pays, la police ayant tendance à tirer sur les manifestants pacifiques, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International. Cependant, compte tenu des désaccords au sujet du futur du sud du Yémen et la charge symbolique de la date, nous sommes particulièrement préoccupés par ce qui pourrait se passer samedi. »

« Les autorités doivent veiller à ce que la police respecte le droit de la population de manifester librement et pacifiquement. Même si certaines des personnes présentes ont recours à la violence, les membres des forces de l’ordre ne doivent réagir qu’en utilisant la force minimale nécessaire pour contrer les menaces. Les armes à feu ne doivent être utilisées qu’en cas de légitime défense ou pour défendre des tiers contre une menace imminente de mort ou de blessure grave. »

Le 9 juin 2013, au moins neuf personnes ont été tuées et une dizaine d’autres blessées lorsque les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants dans la capitale Sanaa.

Plus tôt dans l’année, le 21 février 2013, les forces de sécurité yéménite ont ouvert le feu sur des manifestants pacifiques sur la place al Aroudh de Khormaksar, à Aden. Au moins quatre personnes ont été tuées et des dizaines d’autres, blessées. D’après les manifestants, le nombre de victimes s’est ensuite porté à 15. On ignore où en est l’enquête officielle sur ces homicides.

Le 18 mars 2013, un sit-in et une grève générale ont été violemment réprimés dans la ville de Tarim dans l’Hadhramaout. Un militant local qui était en train de photographier la répression a été tué. Plusieurs manifestants pacifiques ont été blessés lorsque les forces de sécurité ont dispersé le rassemblement et enlevé la tente qui servait pour la manifestation assise.

Les forces de sécurité tentent souvent d’empêcher une manifestation d’avoir lieu en harcelant, intimidant et arrêtant les militants susceptibles d’y participer, ou en bloquant les accès aux sites où elle doit avoir lieu.

« Le Yémen a le devoir de respecter le droit de réunion pacifique et de protéger les personnes exerçant ce droit, a déclaré Philip Luther. Les autorités doivent faire en sorte qu’une enquête impartiale et indépendante soit ouverte sans tarder lorsque les forces de sécurité attaquent des manifestants pacifiques, en violation des normes internationales relatives aux droits humains.  »

Complément d’information

Le Yémen est à un moment critique de la période de transition depuis l’éviction de l’ancien président Ali Abdullah Saleh en 2012. Un dialogue national lancé le 18 mars 2013 devait se conclure le 18 septembre mais des désaccords sur certains points ont freiné le processus.

Le statut du sud du pays, et en particulier de la partie qui était l’État indépendant du Yémen du Sud entre la fin de l’occupation britannique en 1967 et sa réunification avec le Yémen du Nord en 1990, est au cœur du désaccord. Les Yéménites sont divisés entre ceux qui souhaitent préserver le statu quo, ceux qui souhaitent plus d’autonomie pour le sud du pays et ceux qui veulent une sécession du sud.

Les désaccords sont le fait des autorités centrales à Sanaa, des groupes d’opposition dans le nord et le sud du pays qui ont un long passé de griefs à l’encontre des autorités et des éléments fidèles à l’ancien président. Au cours des derniers mois, ces désaccords ont donné lieu à des actes violents dont des assassinats et des attentats à l’explosif contre des membres de groupes d’opposition.

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