Kamal al Shawish, assistant de recherche de terrain pour l’Organisation Mwatana pour les droits humains dans la ville d’Hodeida, a été enlevé dans la rue par deux hommes armés membres des Houthis, mardi 14 août. On lui a bandé les yeux avant de l’emmener dans un endroit inconnu. On ne sait toujours pas où il se trouve.
Avant d’être enlevé, il avait rassemblé des informations sur des violations des droits humains perpétrées contre des civils à Hodeida.
« L’enlèvement inquiétant de Kamal al Shawish semble s’inscrire dans un contexte sinistre de harcèlement et de répression contre le travail en faveur des droits humains au Yémen, ces actes étant perpétrés par toutes les parties au conflit », a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe des recherches pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Le groupe armé houthi doit révéler le sort qui a été réservé à Kamal al Shawish et veiller à ce que, pendant sa détention, il ne soit pas soumis à des actes de torture ou d’autres mauvais traitements comme ceux infligés à d’autres prisonniers. Il doit être libéré immédiatement. »
Depuis le début du conflit au Yémen, des défenseurs des droits humains et des journalistes ont été harcelés, menacés, battus, détenus arbitrairement et victimes de disparitions forcées, aussi bien dans les territoires contrôlés par le gouvernement que par les Houthis.
L’organisation Mwatana a été particulièrement ciblée : son directeur, Abdulrasheed al Faqih, et sa présidente, Radhya al Mutawakel, ont tous deux été brièvement arrêtés en juin.
Aucune raison ne leur a été donnée pour justifier leur arrestation, mais les forces de sécurité du gouvernement yéménite qui les ont interpellés leur ont dit qu’ils n’étaient pas autorisés à voyager et qu’ils étaient arrêtés sur ordre de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Abdulrasheed al Faqih avait déjà été arrêté et harcelé à plusieurs reprises en raison de son travail sur les droits humains.
Mwatana a fourni de très précieuses informations, sans parti pris ni desseins politiques et sur toutes les parties au conflit, concernant des exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires, des violations des droits des femmes, des disparitions forcées et d’autres crimes de droit international.
« Sans le travail de Mwatana, la communauté internationale n’aurait pas accès aux informations sur les conséquences et les dynamiques de nombreux problèmes que rencontre le Yémen, et il serait bien plus difficile de comprendre ce conflit armé, qui compte parmi ceux dont on parle le moins dans le monde aujourd’hui, et d’y apporter une réponse », a ajouté Lynn Maalouf.
« Les Houthis et les forces du gouvernement yéménite doivent cesser de harceler et d’intimider les défenseurs des droits humains, qui ne font qu’exercer leur droit à la liberté d’expression en tentant de documenter ce qu’il se passe dans le pays. »