Zambie : Le président Lungu doit protéger les droits humains de tous

Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, a appelé le président zambien Edgar Lungu à protéger les droits humains de tous, notamment les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, a déclaré l’organisation mardi 17 octobre 2017 à l’issue d’un entretien entre les deux hommes

Salil Shetty a rencontré Edgar Lungu lundi 16 octobre au palais présidentiel dans le cadre de sa mission de haut niveau dans ce pays d’Afrique australe.

« Un certain nombre de problèmes relatifs aux droits humains se posent en Zambie. La police utilise constamment les dispositions vagues et trop générales de la Loi relative à l’ordre public pour limiter les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association. La récente période d’état d’urgence a été un épisode peu glorieux », a déclaré le secrétaire général d’Amnesty International.

« Les Zambiens ont tout à gagner et rien à perdre de la tradition de respect des libertés qui caractérise le pays depuis son indépendance. »

Le président Edgar Lungu a été réélu en août 2016. Dans les mois qui ont précédé son élection, l’espace accordé à l’opposition politique et à la liberté d’expression s’est considérablement réduit.

La police a utilisé les dispositions vagues de la Loi relative à l’ordre public et du Code pénal pour limiter les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association.

Avant l’élection d’août 2016, les activités politiques de campagne ont été restreintes et les médias indépendants ont été attaqués pour leurs critiques de l’action gouvernementale.

En juin 2016, l’un des plus anciens journaux du pays, The Post, a été fermé après avoir été accusé d’une dette fiscale. Son propriétaire, Fred M’membe, et sa femme, Mutinta Mazoka-M’membe, ainsi que le directeur adjoint de la rédaction, Joseph Mwenda, ont été la cible de violences. Ils ont notamment été harcelés, frappés et arrêtés par la police.

En août 2016, l’Autorité indépendante de radiodiffusion (IBA) de Zambie a suspendu les autorisations d’émettre de trois médias : Muvi TV, Komboni Radio et Radio Itezhi Tezhi. Elle les a accusés d’avoir commis une faute professionnelle et « menacé la paix et la stabilité du pays » avant et après l’élection présidentielle.

Le 29 septembre 2017, plusieurs défenseurs des droits humains, parmi lesquels Laura Miti, Lewis Mwape et le chanteur Pilato, ont été arrêtés après avoir manifesté jusqu’au parlement pour réclamer des réponses sur l’acquisition de 42 camions de pompier pour un montant de 42 millions de dollars des États-Unis.

La semaine du 9 octobre 2017, l’IBA a demandé à Prime TV de lui remettre les enregistrements de tous ses bulletins d’information et émissions de débat depuis le 7 août 2016, après la diffusion par cette chaîne de reportages faisant état de fraude électorale lors de l’élection présidentielle.

Droit à la terre et à l’alimentation

Salil Shetty a aussi rencontré des représentants de plusieurs communautés qui risquent de perdre leurs terres et leur accès à la nourriture en raison des acquisitions de terres de grande ampleur qui se produisent dans différentes parties du pays, notamment dans des villages comme Mbangweta, Demu, Kaindu, Mpande et Macha. Beaucoup de ces populations se battent devant les tribunaux pour rester sur leurs terres, dont ils ont été dépossédés par des investisseurs privés.

« Protéger les droits humains implique aussi de veiller à ce que les gens, en particulier ceux qui vivent dans la pauvreté, soient protégés de toute forme d’exploitation »
, a déclaré Salil Shetty.

« Le président Edgar Lungu doit faire respecter les droits fondamentaux de tous les Zambiens, y compris leurs droits économiques, sociaux et culturels. »

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