Communiqué de presse

Zimbabwe. L’arrestation de manifestantes pacifiques fait douter de la crédibilité du futur référendum

Les attaques menées par la police contre les défenseurs zimbabwéens des droits humains mettent en doute la capacité du pays à organiser un référendum constitutionnel et une élection crédibles cette année, a déclaré Amnesty International jeudi 14 février après que des manifestantes pacifiques aient été arrêtées et frappées.

Huit militantes de Femmes du Zimbabwe, debout ! (WOZA), un mouvement de femmes œuvrant en faveur de la justice sociale, ont été arrêtées devant le Parlement zimbabwéen, à Harare, mercredi 13 février après avoir distribué des roses et des ours en peluche lors de leur manifestation annuelle à l’occasion de la Saint-Valentin.

Ces arrestations coïncident avec l’annonce par le gouvernement que le 16 mars avait été retenu comme date provisoire pour un référendum constitutionnel et que des élections pourraient avoir lieu en juillet.

Ces femmes, parmi lesquelles figuraient Jenni Williams et Magodonga Mahlangu, dirigeantes de WOZA, ont été appréhendées après que la police ait utilisé du gaz lacrymogène lors de la manifestation et donné des coups de matraque aux participantes. Un homme qui avait pris une photo de cette arrestation a également été appréhendé. Ils ont été libérés plus tard sans avoir été inculpés.

« Ce dernier épisode en date est un énième signal d’alarme concernant l’exercice des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, garantis par le droit international, en prévision du référendum sur la nouvelle Constitution et des élections en 2013 », a indiqué Noel Kututwa, directeur d’Amnesty International pour l’Afrique australe.

« Les violations des droits humains commises par la police, notamment les arrestations arbitraires et les raids effectués dans les bureaux de défenseurs des droits humains, vont à l’encontre des appels à la tolérance lancés par le président, Robert Mugabe, et le Premier ministre, Morgan Tsvangirai. »

Ces derniers mois, Amnesty International a recensé une série d’arrestations arbitraires et de raids ayant visé des groupes spécifiques de défense des droits humains, ce qui semble indiquer que l’espace dévolu à l’opposition politique se réduit au fur et à mesure que se rapprochent le référendum et l’élection.

Lundi 11 février, la police a effectué une descente dans les locaux de Projet de paix pour le Zimbabwe (ZPP), à Harare.

Cinq policiers ont pris d’assaut les bureaux de ZPP en présentant un document les autorisant à perquisitionner les lieux, à la recherche « de documents subversifs et de migrants en situation irrégulière ».

Personne n’a été arrêté mais les policiers ont confisqué du matériel et des documents confidentiels.

Enfreignant manifestement l’autorisation de perquisition qui leur avait été délivrée, des policiers sont retournés dans les bureaux de ZPP pendant la nuit et ont essayé de fouiller les lieux une seconde fois. Ce document autorisait la police à fouiller les locaux pendant la journée seulement.

Jestina Mukoko, la directrice de ZPP, faisait partie des défenseurs des droits humains enlevés en 2008 par des agents de la Sûreté de l’État. Elle avait alors été torturée.

Okay Machisa, directeur de l’Association zimbabwéenne pour les droits humains (ZimRights), a finalement été remis en liberté sous caution le 29 janvier aux termes de deux semaines de détention, après que la Haute Cour ait annulé le refus précédemment opposé à sa demande de libération sous caution.

Leo Chamahwinya, autre employé de ZimRights, arrêté le 13 décembre 2012, est maintenu en détention et se serait vu refuser la remise en liberté sous caution à plusieurs reprises.

Ces membres du personnel de ZimRights sont accusés de publication de fausses informations, de fraude et de faux, pour avoir semble-t-il procédé à un enregistrement illégal d’électeurs.

« Le Zimbabwe entre dans une phase critique de son processus de démocratisation, et ces tentatives flagrantes de museler et de menacer les opposants doivent prendre fin », a conclu Noel Kututwa.

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