Zimbabwe. Des manifestantes pacifiques ont été remises en liberté

DÉCLARATION PUBLIQUE

Index AI : AFR 46/030/2008 – ÉFAI

La police zimbabwéenne a relâché au moins 40 femmes arrêtées arbitrairement le 27 octobre 2008 dans le cadre d’une manifestation pacifique organisée devant le bâtiment où se réunissaient les plus hauts dirigeants du pays et leurs homologues d’Afrique australe. Ces femmes, pour la plupart âgées d’une soixantaine d’années, ont été libérées ce lundi 27 octobre vers 21 heures.

Elles sont membres de la Coalition des femmes du Zimbabwe, association qui œuvre en faveur de l’égalité des femmes. Elles priaient et protestaient de manière pacifique devant l’hôtel Rainbow Towers, à Harare, tandis que le président Robert Mugabe, Morgan Tsvangirai et Arthur Mutambara rencontraient les dirigeants de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), afin de débattre de l’accord sur le partage du pouvoir dans le pays. D’après les contestataires, ce processus progresse bien trop lentement.

Inculpées de trouble sur la voie publique en vertu de la loi portant Code pénal (codification et reforme) [Chapitre 9:23], les personnes arrêtées ont été libérées après avoir payé une amende. Au début, elles n’ont pas été autorisées à consulter un avocat. Elles ont pu par la suite s’entretenir quelques minutes seulement avec un avocat alors qu’elles prenaient leur déjeuner. Leurs collègues ont pu leur apporter de la nourriture, des serviettes hygiéniques et des analgésiques.

Au moins 30 personnes ont également été blessées lorsque la police a dispersé les manifestants à l’aide de gaz lacrymogène et de matraques. Il s’agissait surtout de membres de la Coalition des femmes. Leurs blessures correspondaient notamment à des coups de matraques, à des chutes pendant leur fuite et à l’inhalation de gaz lacrymogène. Une militante a été admise en observation dans une clinique privée après avoir inhalé du gaz lacrymogène et souffert de détresse respiratoire. Quatre autres personnes ont été admises pour des blessures graves et de possibles fractures.

Les manifestants membres d’autres organisations, notamment de groupes d’étudiants, de jeunes et de militants des droits humains, ont eux aussi été battus à coups de matraques par les policiers et exposés aux gaz lacrymogènes. Certains ont dû recevoir des soins médicaux à la suite de leurs blessures.

Amnesty International condamne le recours persistant par la police aux arrestations et détentions arbitraires, ainsi qu’à la force excessive contre des manifestants pacifiques. L’organisation appelle par ailleurs les dirigeants de la SADC à dénoncer ces atteintes aux droits humains et à demander le rétablissement des droits à la liberté d’expression et à la liberté de réunion et d’association pacifiques.

Note aux rédacteurs

Le 27 octobre également, les prisonnières d’opinion Jenni Williams et Magodonga Mahlangu, dirigeantes de l’association militante Femmes du Zimbabwe, debout ! (WOZA), se sont vues refuser la liberté sous caution à la suite de leur arrestation le 16 octobre 2008. Elles sont incarcérées à la prison de Mlondolozi, où les conditions de détention seraient loin de respecter les normes internationales.

Ces deux militantes ont été arrêtées de manière arbitraire après avoir participé à une manifestation pacifique devant le bâtiment gouvernemental de Mhlahlandlela à Bulawayo, où elles réclamaient l’accès à l’aide alimentaire au Zimbabwe. La police a recouru à une force excessive pour disperser la manifestation, qui rassemblait quelque 200 militants de WOZA. Au cours de l’arrestation, les policiers ont battu Magodonga Mahlangu, qui souffrirait toujours de ce passage à tabac. Toutes deux ont interjeté appel devant la Haute Cour.

Amnesty International considère Jenni Williams et Magodonga Mahlangu comme des prisonnières d’opinion et demande leur libération immédiate et inconditionnelle. Leur arrestation s’inscrit dans la vague de répression du gouvernement zimbabwéen à l’encontre des défenseurs des droits humains qui font campagne pour dénoncer les souffrances de la population.

Le 31 octobre 2008, Amnesty International publiera un nouveau rapport, intitulé Zimbabwe : Time for Accountability (index AI : AFR 46/028/2008), qui met en évidence la nécessité de s’attaquer à l’impunité qui sévit depuis trop longtemps dans le pays pour les atteintes aux droits humains.

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