Selon les médias officiels, un nouveau bourreau a été nommé au Zimbabwe, ce qui fait craindre que le pays ne s’apprête à reprendre les exécutions après une pause de sept ans, a déclaré Amnesty International vendredi 8 février.
Le Zimbabwe n’a procédé à aucune exécution depuis 2005, année où le dernier bourreau en poste dans le pays a pris sa retraite.
« Ce recrutement macabre est plus qu’inquiétant et laisse à penser que le Zimbabwe n’est pas disposé à rejoindre le mouvement mondial en faveur de l’abolition de ce châtiment cruel, inhumain et dégradant, a déploré Noel Kututwa, directeur pour l’Afrique australe à Amnesty International.
« La peine de mort est une violation du droit à la vie, qui est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et d’autres instruments internationaux relatifs aux droits humains auxquels le Zimbabwe est partie. »
Le nouveau projet de Constitution du Zimbabwe, qui fera l’objet d’un référendum au cours des prochains mois, prévoit que la sentence capitale ne s’applique pas aux femmes, aux hommes âgés de moins de 21 ans au moment des faits ni aux hommes de plus de 70 ans. La peine de mort perd également tout caractère obligatoire.
Si Amnesty International se réjouit de ces restrictions à l’application de la peine de mort, elle demande l’abolition totale de ce châtiment dans la nouvelle Constitution, sans distinction de genre et quelles que soient les circonstances du crime.
« La peine de mort est la négation absolue des droits humains. Il s’agit d’un meurtre commis par l’État, avec préméditation et de sang-froid, a estimé Noel Kututwa.
« Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur ou la méthode d’exécution utilisée par l’État. »
D’après les informations dont dispose Amnesty International, au moins 76 personnes sont actuellement détenues dans le quartier des condamnés à mort au Zimbabwe. Sur ces 76 condamnés, deux seulement sont des femmes. La mise en œuvre des dispositions du projet actuel, qui prévoit d’exempter les femmes, ne réduirait donc pas de façon notable le recours à la peine capitale.
Amnesty International fait campagne depuis 2009 en faveur de l’abolition complète de la peine capitale dans le cadre du processus d’élaboration de la Constitution et lutte pour la reconnaissance des droits économiques, sociaux et culturels dans le nouveau texte.