Zimbabwe. Répression acharnée de l’opposition politique

Amnesty International a condamné ce mercredi 4 juin l’arrestation du dirigeant du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), Morgan Tsvangirai, qui s’inscrit dans une vague de répression soudaine, acharnée et dangereuse de toute opposition politique à l’approche des élections.

« Morgan Tsvangirai doit être libéré immédiatement, à moins qu’il ne soit dûment inculpé d’une infraction pénale prévue par la loi », a déclaré Amnesty International.

Selon certaines informations, Morgan Tsvangirai a été arrêté à un barrage routier au nord de Bulawayo et il est détenu dans un bâtiment de la police à Lupane. On ignore les charges retenues contre lui.

En mars 2007, Morgan Tsvangirai avait été arrêté avec d’autres membres du MDC et des militants de la société civile ; il avait été violemment frappé en garde à vue et avait dû être hospitalisé.

Son arrestation intervient le lendemain de la publication par Amnesty International d’un rapport accablant sur les violations massives des droits humains perpétrées dans le pays depuis les élections présidentielle et législatives de mars 2008. Ces violations ont pris la forme d’homicides illégaux, d’actes de torture ou d’autres formes de mauvais traitements, de coups et de manœuvres de harcèlement et d’intimidation à l’encontre, principalement, de sympathisants du MDC et de défenseurs des droits humains au Zimbabwe.

L’organisation a indiqué qu’un témoin de l’enlèvement du candidat à l’élection sénatoriale Shepherd Jani, par des individus soupçonnés d’être des agents de l’Organisation centrale de renseignements (CIO), avait dû se réfugier dans la clandestinité depuis que lui et ses proches avaient reçu des appels téléphoniques menaçants dans lesquels des hommes soupçonnés d’être des agents de l’État le sommaient de se rendre au commissariat central d’Harare. Amnesty International considère que la vie de cet homme est en danger et elle est préoccupée par le fait que sa famille a également été menacée.

Kumbirai Masimo était présent le 21 mai lors de l’enlèvement de Shepherd Jani, candidat au siège de sénateur pour la circonscription de Murewa-Nord, dont le corps a été retrouvé quelques jours plus tard.

« Le gouvernement du Zimbabwe doit assurer la sécurité de Morgan Tsvangirai, de Kurmirai Masimo et de toutes les autres personnes menacées en cette période dangereuse où tout ce qui est perçu comme une menace politique par le régime au pouvoir est réprimé. »

La grande majorité des violations sont perpétrées par des sympathisants du parti de l’Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (ZANU-PF) et des membres de l’Association des vétérans de la guerre de libération nationale du Zimbabwe (ZNLWA), les « vétérans ».

Les services de sécurité de l’État, et en particulier la police nationale (ZRP), n’ont rien fait pour arrêter les auteurs de tels agissements, les laissant tuer, torturer des sympathisants présumés du MDC ou attaquer et brûler leurs habitations et leurs commerces . En réalité, dans certains cas, ce sont les autorités qui ont déclenché ou même organisé ces attaques collectives.

Parallèlement, le gouvernement du Zimbabwe renforce les restrictions imposées aux agences humanitaires actives dans le pays.

« En imposant de nouvelles restrictions aux employés des organisations humanitaires comme CARE International, qui a été obligée de suspendre toutes ses opérations sur le terrain, le gouvernement essaie de cacher au reste du monde les violences d’État perpétrées au Zimbabwe. »
Des millions de personnes vont être affectées par ces restrictions, qui risquent d’aggraver encore les problèmes de sécurité alimentaire que connaît le pays.

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