Indonésie, discrimination et non-protection de la liberté de réunion

Le lundi 19 août, des troubles sont survenus dans la province de Papouasie occidentale, le siège du Parlement local et une prison ont notamment été incendiés et des habitations détruites.

En réaction à ces événements, le directeur d’Amnesty International Indonésie, Usman Hamid, a déclaré :

« Les autorités indonésiennes doivent agir sans délai pour apaiser les tensions en Papouasie occidentale et veiller à ce que les personnes qui souhaitent manifester pacifiquement puissent continuer de le faire.

« Il incombe à la police de faciliter et de protéger l’exercice du droit à la liberté de réunion pacifique tout en garantissant la sécurité de tous. Les membres des forces de sécurité doivent s’abstenir d’employer une force injustifiée ou excessive, privilégier le dialogue avec les manifestants et ne pas prendre les actes violents de quelques-uns comme prétexte pour restreindre ou entraver l’exercice de leurs droits par les autres. Lorsque des enquêtes sont ouvertes pour des infractions présumées commises lors des manifestations, elles doivent viser des infractions reconnues par le droit international et être proportionnées aux faits.

« Il est par ailleurs essentiel que la police nationale traite la cause profonde des troubles en ouvrant immédiatement une enquête sur les allégations faisant état de discrimination et d’un recours illégal à la force contre des étudiants papous à Surabaya, Semarang et Malang au cours du week-end. Les récentes allégations de discrimination par des policiers s’ajoutent aux nombreuses précédentes accusations de ce type. La police n’a toujours pas pris de mesures pour protéger les Papous de toute forme de discrimination, ce qui laisse penser que ces actes sont tolérés par les autorités. »

Complément d’information

Le 15 août, un groupe d’étudiants papous a organisé une manifestation à Malang, dans la province de Java-Est, pour exprimer son rejet de l’Accord de New York de 1962 transférant le contrôle de la Papouasie des Pays-Bas aux Nations unies. En mai 1963, l’Indonésie en a obtenu le contrôle de facto, en attendant un référendum visant à déterminer le statut politique de ce territoire, qui devait être organisé en 1969 au plus tard. Cependant, la police a refusé d’autoriser les étudiants papous de Malang à manifester, en invoquant des « raisons de sécurité ». La manifestation s’est déroulée sans autorisation officielle et a été attaquée par un groupe de personnes dans la ville. La situation s’est aggravée quand le maire adjoint de Malang a tenu des propos discriminatoires en déclarant : « Nous verrons, nous disposons de plusieurs options, dont celle de les renvoyer [en Papouasie]. »

Dans la ville de Surabaya, à environ 2 heures de route de Malang, un groupe de membres d’organisations religieuses locales a attaqué un dortoir d’étudiants papous en les accusant d’avoir détruit un drapeau indonésien et de l’avoir jeté dans les égouts le 16 août, un jour avant la fête de l’indépendance de l’Indonésie, célébrée le 17 août. Ils ont agressé verbalement ces étudiants, en les traitant de « singes », de « chiens », d’« animaux » et de « porcs ». Au lieu de disperser la foule qui s’en prenait à eux, la police a encerclé le dortoir et demandé aux étudiants papous de se rendre. Le blocage s’est poursuivi le lendemain ; les policiers ont répandu du gaz lacrymogène avant d’arrêter 43 étudiants papous. Ils les ont emmenés pour les interroger, puis les ont relâchés dimanche 18 août, n’ayant trouvé aucun élément laissant penser qu’ils avaient détruit un drapeau indonésien.

Ces deux épisodes à Surabaya et Malang ont poussé des Papous à organiser des manifestations à Manokwari et Sorong, en Papouasie occidentale, au cours desquelles le siège du Conseil législatif local à Manokwari a été incendié. Des manifestants ont également détruit des équipements publics et des habitations. En outre, des groupes de personnes en colère ont perturbé les activités d’un aéroport et brûlé un établissement pénitentiaire à Sorong.

Selon le droit international et les normes qui en découlent, l’exercice du droit à la liberté de réunion pacifique ne doit pas être soumis à la permission des autorités. Le Comité des droits de l’homme des Nations unies, qui contrôle le respect par les États du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l’Indonésie est partie, a établi que l’obligation de notification préalable n’est légitime que dans la mesure où elle permet aux autorités de s’organiser pour faciliter comme il se doit les rassemblements et ne doit servir aucun autre objectif, tel qu’empêcher des personnes de manifester.

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