La Tunisie doit enquêter sur la mort d’un adolescent survenue lors des manifestations

Les autorités tunisiennes doivent ouvrir une enquête indépendante et impartiale sur la mort d’un adolescent âgé de 13 ans tué par balle durant les manifestations à Sidi Bouzid, ville du centre du pays, a déclaré Amnesty International mardi 19 juillet.


Thabet al Hajlaoui
aurait été tué dimanche 17 juillet lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants antigouvernementaux devant une caserne de l’armée dans la ville connue pour être le berceau des manifestations de masse qui ont essaimé dans toute la région.

Certains manifestants ont enflammé des pneus et jeté des pierres lors du rassemblement, réclamant que les anciens responsables du gouvernement soient déférés à la justice.

« Les forces de sécurité doivent répondre de cette mort tragique. Le fait de tirer à balles réelles sur les manifestants dimanche à Sidi Bouzid ne peut que rappeler les méthodes utilisées sous le régime de Ben Ali,
a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Les autorités tunisiennes ont la responsabilité de maintenir l’ordre public, mais le recours aux armes à feu a conduit à la mort d’un jeune passant et avive les inquiétudes quant à d’éventuels dérapages des forces de sécurité. Une enquête approfondie et impartiale doit être diligentée et les responsables présumés traduits en justice. »

La famille de Thabet al Hajlaoui a raconté à Amnesty International qu’il avait entendu le bruit des manifestations et qu’il était sorti pour aller voir. Il s’est caché derrière un mur, sortant de temps en temps de sa cachette pour jeter un œil.

Selon un témoin qui a parlé à Amnesty International, alors qu’il se trouvait à découvert, Thabet al Hajlaoui a été touché par une balle qui a ricoché de son bras vers sa poitrine. Il a succombé à ses blessures avant d’arriver à l’hôpital.

Le 15 juillet, les manifestants avaient tenté de se rassembler place de la Kasbah à Tunis pour réclamer une réforme de la justice, la démission des ministres de l’Intérieur et de la Justice et la comparution en justice des personnes impliquées dans les homicides commis durant le mouvement de contestation de décembre 2010 et janvier 2011.

Les agents des forces de sécurité ont empêché de nombreux manifestants, journalistes et militants des droits humains de se rendre au sit-in, en les pourchassant à moto ou à pied. Il y aurait eu de très nombreux blessés, notamment à la tête.


Ahmed Ben Nacib
, 20 ans, membre de l’organisation tunisienne de défense des droits humains Liberté et équité, a été poursuivi par trois motos avant d’être frappé à coups de matraques, à coups de pied et giflé. Il a ensuite été emmené à un poste de police de Tunis.

Lorsqu’il a dit aux policiers qu’il couvrait le sit-in dans le cadre de son travail pour Liberté et équité, Ahmed Ben Nacib a de nouveau été agressé. Il a été relâché plus tard dans la journée.

Selon d’autres informations, des gaz lacrymogènes ont été tirés contre les manifestants dans les rues et dans la mosquée de la Kasbah, où des dizaines d’entre eux avaient semble-t-il cherché refuge. Vers 19 heures, les forces de sécurité ont mené un raid sur la mosquée et agressé et arrêté plusieurs personnes.

Pas moins de 47 manifestants auraient été interpellés et conduits à la prison de Bouchoucha. Plusieurs auraient été blessés au cours de leur arrestation, lorsque le sit-in organisé à la Kasbah a été dispersé par les forces de sécurité à l’aide de matraques.

Le 16 juillet, le ministère de l’Intérieur a annoncé que les manifestants avaient lancé des pierres et des objets métalliques sur les forces de sécurité qui tentaient de les disperser, blessant ainsi 18 agents. Il a ajouté que les forces de sécurité avaient agi dans le respect de la loi.

« Les déclarations des responsables tunisiens sont loin d’apporter les réponses attendues, a indiqué Hassiba Hadj Sahraoui.

« Les Tunisiens doivent pouvoir exercer leur droit de manifester et le fait que des manifestants aient pu jeter des pierres n’excuse en rien le recours à une force excessive à leur encontre.

« Ces déclarations montrent également que les autorités tunisiennes n’ont rien appris de la mort de plus de 300 personnes lors du soulèvement de décembre et janvier. Plutôt que d’enquêter dûment sur les événements ayant conduit à ces décès, elles comptent désormais sur le recours à une force excessive pour maintenir l’ordre lors des manifestations. »

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