Réagissant à cette descente, Natalia Priloutskaïa, chercheuse sur la Russie à Amnesty International, a déclaré :
« La police a perquisitionné les bureaux de l’organisation Russian Justice Initiative sans mandat judiciaire et a saisi des documents confidentiels, notamment des contrats juridiques, dans le but manifeste d’intimider et de réduire au silence le personnel de l’organisation.
« La Russian Justice Initiative fournit depuis plusieurs années un soutien juridique à des centaines de victimes d’atteintes aux droits humains, notamment à des personnes qui font l’objet d’enquêtes liées à des manifestations pacifiques organisées en Ingouchie l’année dernière pour protester contre la nouvelle frontière administrative avec la République voisine de Tchétchénie. Les autorités ont qualifié l’une de ces manifestations d’« émeute de grande ampleur » et essaient maintenant d’établir un lien avec les récentes manifestations contre les élections frauduleuses à Moscou.
« Il s’agit de l’illustration la plus récente de la campagne de dénigrement menée par le gouvernement russe contre les manifestants pacifiques. Au cours du mois écoulé, des centaines de personnes ont été arrêtées pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression, et des organisations telles que la Russian Justice Initiative sont dans la ligne de mire des autorités, qui veulent réprimer toute dissidence.
« Nous appelons les autorités russes à cesser immédiatement de harceler la Russian Justice Initiative et à laisser l’organisation mener son travail de défense des droits humains. Nous demandons également aux autorités d’abandonner les charges sans fondement d’émeutes de grande ampleur et de libérer les manifestants pacifiques détenus dans toute la Russie, dont le droit à la liberté d’expression et de réunion doit être respecté ».
Complément d’information
À environ 9 h 30 le 16 août, des policiers de la Direction principale du ministère de l’Intérieur du district fédéral du Caucase du Nord ont effectué une descente dans les bureaux de l’organisation Russian Justice Initiative, à Nazran, et ont perquisitionné les locaux sans mandat.
La police a saisi des documents de l’organisation couvrant la période 2017-2019, notamment des contrats conclus avec des avocats travaillant sur des cas portés devant la Cour européenne des droits de l’homme. Le personnel de l’organisation a vu un document de police indiquant que la perquisition était liée aux manifestations organisées à Moscou le 27 juillet et le 3 août et qualifiées à tort par les autorités d’« émeutes de grande ampleur ».
Le document indiquait qu’« un groupe de personnes non identifiées qui ont organisé les manifestations de Moscou coordonnent également des organisations non gouvernementales dans le Caucase du Nord qui reçoivent des financements étrangers » et « pourraient avoir également organisé des "actions de protestation non autorisées avec des émeutes de grande ampleur dans le Caucase du Nord" ».