Écrire Les autorités doivent cesser de priver des détenu·e·s de soins médicaux

Le 19 février 2024, Juan Carlos Marrufo a fait l’objet d’un transfert imprévu à la prison de Rodeo I, presque cinq ans après son placement en détention arbitraire pour des motifs politiques. Bien que sa santé se détériore, les autorités refusent de le faire bénéficier d’examens médicaux et de soins.

María Auxiliadora Delgado, son épouse également détenue arbitrairement depuis le 19 mars 2019, a immédiatement besoin d’examens médicaux.

Emirlendris Benitez, arrêtée arbitrairement en août 2018, souffre de pathologies liés aux actes de torture qu’elle a subis. Elle a besoin d’urgence d’une intervention chirurgicale pour traiter ses problèmes de santé.

Nous demandons au président Nicolás Maduro de garantir la libération de ces trois personnes et, pendant leur détention, de veiller à ce qu’elles reçoivent des soins médicaux adaptés sans plus attendre.

Emirlendris Benítez est une mère, une sœur et une commerçante vénézuélienne. Le 5 août 2018, elle a été arrêtée de manière arbitraire pour des motifs forgés de toutes pièces. Les autorités l’ont associée à tort à des actes de violence commis contre de hauts responsables politiques au Venezuela. Cette accusation ne repose sur aucune preuve, et elle affirme catégoriquement qu’elle n’a rien à voir avec ces événements. En détention, elle a été soumise à des actes de torture alors qu’elle était enceinte.

Quelques semaines après son arrestation, elle a été transférée de force dans un établissement médical et sa grossesse a été interrompue à son insu et sans son consentement. Du fait des actes de torture auxquels elle a été soumise, elle aura longtemps besoin d’un fauteuil roulant pour se déplacer. En 2022, elle a été condamnée à 30 ans de prison par un tribunal dont les décisions sont partiales et motivées par des considérations politiques. Emirlendris Benítez n’aurait jamais dû être placée en détention, car tout indique que les charges retenues à son encontre sont à caractère politique. La peine très lourde prononcée contre elle doit par ailleurs être annulée et elle doit être immédiatement libérée.

Juan Carlos Marrufo et María Auxiliadora Delgado ont été arrêtés le 19 mars 2019 par la Direction générale du contre-renseignement militaire (DGCIM). C’est un couple marié et binational : il a la nationalité espagnole, et elle, italienne. Avant leur arrestation, ils avaient décidé de recourir à un traitement de fécondation in vitro (FIV). Leur seul lien avec des infractions pénales semble se résumer au fait que María Auxiliadora est la sœur d’un militaire à la retraite, qui serait lié à une attaque contre Nicolás Maduro. Ils sont non seulement victimes de détention arbitraire, mais sont également privés de leur projet de fonder une famille. Tandis que María Auxiliadora est toujours incarcérée au centre de détention de la DGCIM dans le quartier de Boleíta, à Caracas, Juan Carlos a été transféré de façon inopinée dans une prison appelée Rodeo I. Tous deux ont besoin immédiatement d’examens de dépistage et d’un diagnostic.

Leur détention n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans un contexte de recours généralisé et systématique aux détentions arbitraires – entre autres crimes de droit international et violations des droits humains – contre les personnes considérées comme critiques à l’égard du gouvernement de Nicolas Maduro, qui pourrait constituer un crime contre l’humanité. Parmi les autres victimes de détention arbitraire figurent notamment le défenseur des droits humains et prisonnier d’opinion Javier Tarazona, détenu depuis juillet 2021, et le défenseur des droits humains Rocío San Miguel, qui a été soumis à une disparition forcée pendant cinq jours et continue d’être détenu depuis le 9 février 2024.

Les organisations de la société civile subissent des menaces systémiques de la part des autorités au Venezuela. Le gouvernement de Nicolás Maduro ne cesse de harceler, de poursuivre et de censurer les militant·e·s et les organisations de la société civile œuvrant pour protéger les droits des Vénézuélien·ne·s face à une crise humanitaire complexe et une profonde crise des droits humains qui pousse un nombre record d’entre eux à fuir le pays en quête de sécurité et de protection. En novembre 2023, plus de 7,72 millions de personnes avaient fui le pays, soit 25 % de la population totale du Venezuela.

Depuis 2020, quatre rapports de la Mission internationale indépendante d’établissement des faits sur la République bolivarienne du Venezuela ont fourni des informations détaillées sur des centaines de cas d’exécutions extrajudiciaires, de disparitions forcées, de détentions arbitraires, d’actes de torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants commis dans le pays depuis 2014, ainsi que d’exemples d’instrumentalisation de la justice par le gouvernement dans le cadre de sa politique répressive, en concluant que ces graves violations des droits humains pourraient constituer des crimes contre l’humanité.

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