2018 est également l’année où les États-Unis ont annoncé qu’ils cesseraient de financer l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), affectant gravement les services essentiels qu’ils fournissent aux réfugiés palestiniens, notamment la santé et l’éducation.
Depuis le 30 mars 2018, Journée de la terre palestinienne, des dizaines de milliers de Palestiniens de Gaza ont dressé des tentes et organisé des manifestations près de la clôture séparant Gaza d’Israël, dans un acte symbolique pour revendiquer leur droit humain en tant que réfugiés à retourner dans leur patrie, un droit qu’Israël leur refuse depuis des décennies. Des soldats et des tireurs d’élite israéliens ont tué plus de 173 Palestiniens, dont au moins 30 enfants, et blessé des milliers d’autres en réagissant avec une force excessive et meurtrière aux manifestations de la "Grande marche du retour".
Les manifestations de la "Grande Marche du retour" sont la plus grande mobilisation en faveur de la mise en œuvre du droit au retour des réfugiés palestiniens.
Septante ans après la création d’Israël, 70 ans après la Nakba, le désespoir est peut-être plus répandu qu’à tout autre moment en une génération. N’ayant en vue aucune solution politique à la question des réfugiés palestiniens, ils n’ont d’autre choix que d’organiser de grandes manifestations pour exiger leur droit au retour dans leurs foyers et leurs villages.
5,2 millions de réfugiés dans le monde sont des Palestiniens. Il s’agit l’une des plus importantes populations réfugiée au monde, et pour la plus longue durée.
La majorité vit en Jordanie, au Liban, en Syrie, en Cisjordanie occupée par Israël (y compris Jérusalem-Est) et dans la bande de Gaza. Selon l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), plus de 1,5 million de Palestiniens vivent dans 58 camps de réfugiés reconnus, qui représentent près du tiers des réfugiés de Palestine enregistrés.
Les Palestiniens qui ont fui ou ont été expulsés de leurs foyers dans ce qui est aujourd’hui Israël, ainsi que ceux de leurs descendants qui ont conservé des liens authentiques avec la région, ont le droit de retourner dans leurs foyers conformément au droit international. Cependant, ils n’ont pratiquement aucune chance d’être autorisés à revenir. La grande majorité d’entre eux n’ont pas accès à la réinstallation, ce qui pourrait atténuer leur détresse, en particulier dans les pays où leur situation est précaire, comme la Syrie, et où ils sont systématiquement victimes de discrimination, comme au Liban.
Plus de 2 millions de Palestiniens vivant dans les Territoires Palestiniens Occupés sont enregistrés comme réfugiés auprès de l’UNRWA : environ 810 000 en Cisjordanie et 1,26 million dans la bande de Gaza. Bien qu’ils vivent à quelques kilomètres de leurs villes et villages d’origine, ils ne sont pas autorisés à revenir ou même à visiter les lieux d’où ils ont été déplacés.
Chaque année, le 15 mai, les Palestiniens commémorent le déplacement et la dépossession de centaines de milliers de Palestiniens pendant le conflit qui a créé Israël en 1948 , connu en arabe sous le nom de "Nakba" ou catastrophe. Pourtant, malgré le nombre énorme de violations massives des droits de l’homme auxquelles ils sont confrontés depuis 70 ans, peu d’attention est accordée aux réfugiés palestiniens. Aux yeux de la communauté internationale, il s’agit d’une statistique sans visage, d’un "obstacle à la paix israélo-arabe", d’une "question" qui ne pourra jamais être résolue ou d’un "problème" qui doit être traité par la négociation. Pour le gouvernement palestinien et les autres autorités de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, ils représentent une menace pour la sécurité, tandis que le public arabe les considère principalement comme un symbole caricatural de fermeté, généralement représenté par la photo d’un vieil homme tenant sa "clé du retour". Leurs droits individuels, leurs histoires personnelles, leurs rêves et leurs aspirations ne sont presque jamais mis en évidence.
Aucune question n’a été aussi fondamentale pour le conflit israélo-palestinien que le droit au retour des Palestiniens. Depuis la Nakba en 1948, les réfugiés palestiniens ont enduré des conditions misérables dans leurs camps. Non seulement ces conditions ne se sont pas améliorées avec le temps, mais elles se sont gravement détériorées.
Une attention renouvelée sur les droits des réfugiés palestiniens est d’autant plus nécessaire que les coupes significatives dans le financement de l’UNRWA par l’administration américaine du président Donald Trump sont susceptibles d’avoir un impact sur les moyens de subsistance de nombreux réfugiés. L’UNRWA, qui fournit une éducation, des soins médicaux et une aide d’urgence aux réfugiés palestiniens, faisait face à un déficit de 446 millions de dollars en janvier 2018.
Amnesty International demande que les Palestiniens qui ont fui ou ont été expulsés d’Israël, de Cisjordanie ou de la bande de Gaza, ainsi que ceux de leurs descendants qui ont conservé des liens authentiques avec la région, puissent exercer leur droit au retour conformément à la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations unies.
Les autorités israéliennes doivent permettre aux Palestiniens de retourner chez eux ou sur leurs terres d’origine. Si cela n’est pas possible - parce que ces biens n’existent plus, ou qu’ils ont été convertis à d’autres usages - ils devraient être autorisés à retourner dans le voisinage de leur domicile d’origine.
Les Palestiniens qui choisissent de ne pas exercer leur droit au retour devraient recevoir une indemnisation pour les biens perdus, conformément aux principes du droit international. De même, les personnes qui reviennent devraient être indemnisées pour toute perte de biens.
La communauté internationale doit assurer un financement complet et cohérent à l’UNRWA pour que des millions de réfugiés palestiniens continuent d’avoir accès aux services essentiels.