Mercredi 5 avril, des ministres et des représentants de 70 pays et organisations humanitaires assisteront à la conférence sur l’« aide à apporter pour l’avenir de la Syrie et des pays de la région » qui se tient à Bruxelles. La conférence est axée sur la collecte de fonds supplémentaires et l’aide à apporter aux Syriens se trouvant à l’intérieur du pays et dans les pays voisins, ainsi que sur la question de la reconstruction de la Syrie « une fois qu’une transition politique véritablement inclusive sera fermement engagée ».
Il est rassurant de voir la communauté internationale unir ses forces pour soutenir les Syriens qui ont fui la violence de la Syrie et cherché refuge dans les pays d’accueil voisins. Cependant, les réfugiés syriens continuent d’être confrontés à de graves difficultés, notamment un accès restreint aux services de santé, à l’emploi et à la protection. La communauté internationale doit garantir les droits des réfugiés syriens au travers d’un véritable partage des responsabilités, en garantissant des financements pour la protection des réfugiés et en augmentant de manière significative le nombre de places de réinstallation et d’autres voies d’admission.
Pendant que la communauté internationale discute de « l’aide fournie après la conclusion d’un accord » et de la reconstruction en Syrie, elle a d’autres responsabilités à assumer envers les Syriens : elle doit veiller à ce que les victimes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité puissent accéder à la justice et obtenir des réparations.
Six ans après le début de la crise en Syrie, les différentes parties au conflit continuent de se rendre coupables de graves atteintes aux droits humains, notamment de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. À ce jour, les victimes n’ont toujours pas obtenu justice. Les forces gouvernementales syriennes, avec l’appui de la Russie, ont attaqué et bombardé des civils, faisant des milliers de blessés et de morts. Elles ont imposé un siège durable à des populations civiles, ont soumis des dizaines de milliers de personnes à des disparitions forcées et à des exécutions extrajudiciaires et ont systématiquement torturé ou maltraité les prisonniers, occasionnant d’innombrables décès en détention. Des groupes armés ont assiégé et bombardé aveuglément des zones majoritairement peuplées de civils, et se sont rendus coupables d’enlèvements, de torture et d’exécutions sommaires.
Ces crimes ne doivent pas rester impunis. Les victimes et leurs familles ont le droit à la vérité, à des réparations et à la justice.
Les États et les entités représentés à la conférence de Bruxelles, en particulier l’Union européenne, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Norvège, le Koweït et le Qatar qui co-président la conférence, doivent aider à ce que justice soit rendue pour les Syriens par différents moyens, notamment :
• en veillant à ce que la justice, l’obligation de rendre des comptes et les réparations pour les victimes de crimes de guerre fassent partie de tous les pourparlers de paix, résolutions politiques ou aides fournies après la conclusion d’un accord pour la Syrie ;
• en veillant à ce que leurs tribunaux nationaux soient en mesure d’exercer, et exercent réellement, la compétence universelle pour enquêter sur les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en Syrie ;
• en soutenant le mécanisme international, impartial et indépendant mis en place par l’Assemblée générale de l’ONU le 21 décembre 2016 afin d’enquêter sur les crimes de guerre au terme du droit international commis en Syrie et en coopérant avec ce mécanisme ;
• en exigeant et en exprimant publiquement leur soutien afin que les victimes et leurs familles en Syrie ou à l’extérieur du pays puissent obtenir justice et réparation.
Si la communauté internationale ne s’engage pas sérieusement à faire régner justice et obligation de rendre des comptes en Syrie, les crimes de droit international continueront en toute impunité, et l’objectif d’une paix durable qui s’appuie sur la justice restera hors de portée.