Eh bien non. Par sa dénonciation de l’occupation des territoires palestiniens, l’Union européenne (UE) tente tant bien que mal d’alerter sur une situation criante de violation des droits fondamentaux et défend par là des valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’Etat de droit et des droits des minorités. Et tout cela serait selon vous pure folie…
Une politique israélienne d’occupation qui s’apparente à un crime de guerre
L’illégalité des colonies israéliennes au regard du droit international, qui est reconnue de longue date par la très grande majorité des États, a été récemment réaffirmée par la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en décembre 2016, qui a réitéré l’appel à Israël de cesser toutes ses activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés. La politique israélienne d’implantation de civils dans les territoires occupés, l’appropriation massive de terres et de biens et leur destruction, ainsi que l’utilisation à des fins privées des ressources naturelles des territoires palestiniens occupés, constituent en effet des violations flagrantes du droit international humanitaire et s’apparentent à des crimes de guerre. La politique israélienne de colonisation a pour conséquence des violations massives des droits humains des Palestiniens, qui sont déplacés de force, séparés de leurs habitations et de leurs terres, empêchés de circuler librement et qui voient leurs biens confisqués et souvent détruits.
Pourtant, comme un pied de nez à la résolution de l’ONU de décembre dernier, les autorités israéliennes ont annoncé en janvier 2017 la construction d’au moins 6 219 nouvelles unités de peuplement dans des colonies israéliennes existantes en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est. Non seulement votre gouvernement ne stoppe pas la colonisation, mais il l’encourage et la développe toujours plus loin sur les terres palestiniennes.
Deux « armes » redoutables : la mainmise sur l’eau et l’ordre militaire 101
Ce mois d’août marque le cinquantième anniversaire de deux événements qui ont renforcé la perte de mainmise des Palestiniens sur leur territoire et leur incapacité à la dénoncer. Le 15 août 1967, l’armée israélienne a en effet obtenu l’autorité complète sur toutes les questions liées à l’eau dans les territoires occupés. Le 27 août sera l’anniversaire de l’ordre militaire 101, qui interdit les rassemblements de dix personnes ou plus "à des fins politiques ou pour une question qui pourrait être interprétée comme politique”, à moins d’avoir reçu une autorisation délivrée par l’armée, qui est en pratique extrêmement difficile à obtenir. Cette ordonnance, toujours en vigueur, est clairement contraire à l’obligation d’Israël de respecter et d’assurer le droit à la liberté de réunion pacifique.
Vous avez aussi déclaré, M. Netanyahu : « Acceptez Israël en tant qu’occupant et colonisateur » (Haaretz, 22/07/2017). Eh bien non. Aux termes du droit international humanitaire coutumier, tous les États doivent s’abstenir d’encourager des violations du droit international humanitaire. Ils doivent au contraire user de leur influence pour y mettre un terme. Par ailleurs, les agissements d’Israël pour créer des colonies et les maintenir violent le jus cogens, une catégorie particulière d’obligations auxquelles aucun État ne peut déroger.
Condamner ne suffit plus : ll faut couper les financements des colonies israéliennes
La « simple » condamnation de la construction de colonies par l’ONU, les États et les organisations nationales et internationales de défense des droits humains s’est révélée inefficace. Il est maintenant temps que les États prennent des mesures pour respecter leurs obligations découlant du droit international. Des initiatives visant à mettre un terme au financement des colonies et à leur expansion doivent ainsi être lancées ; d’une part en interdisant l’entrée sur les marchés des produits en provenance des colonies, d’autre part en réglementant les entreprises pour les empêcher d’avoir des activités dans les colonies ou de commercialiser des produits qui en proviennent.
« Folie », dites-vous ? Eh bien, non. La folie aujourd’hui, pour nos pays, est de ne pas prendre de mesures plus fermes pour mettre fin à la colonisation.