Mon cher ami,
Cette aventure difficile vient de durer une année mais l’usure du temps n’a pas affecté ni mes convictions, ni mon engagement que je partage avec toi et avec tous les autres militants. Ta force de résistance, tu la transmets à moi et à des milliers des jeunes du monde. Ces peines de te savoir en prison pour avoir essayé d’être un bon citoyen, me forment à devenir forte pour affronter ces injustices que toi tu es obligé de devenir le symbole. Ton courage est exceptionnel car tu marches aujourd’hui sur le sentier de la mort, et tu ne lâches pas.
La petite phrase que tu m’as envoyée de ta cellule de Makala m’est enfin parvenue « Si vous ne pouvez plus marcher, ramper. Mais à tout prix continuer d’avancer !! » Tu sais, je n’imaginais pas que les actes loyales conduiraient en prison alors que des chefs des groupes armés qui ont tué et qui tuent nos pères, nos mères, nos frères, nos frères sont toujours récompensés par des postes politiques et des grades militaires. C’est incroyable qu’un état, notre état, soit devenu si oppresseur envers nous, sa propre jeunesse.
Apres une année, on ne rêve que de ta libération. C’est trop petit comme rêve, mais je suis condamnée à cela. Nos rêves étaient splendides ! L’écologie, la santé, l’entrepreneuriat, le changement du système, je n’y pense plus comme avant. Avec toi en prison, on ne rêve que de ta libération.
Mon cher ami,
Ton sacrifice bien qu’il te l’impose a beaucoup de significations.
Ton emprisonnement a donné un sens profond à notre histoire. Il dévoile l’animosité de la classe dirigeante actuelle… Ceux qui animent les institutions n’avaient pas compris que la génération du président-à-vie a vieilli et que la démocratie est la règle. La constitution est le guide.Ton emprisonnement a déchainé les langues : les questions liées au changement de la constitution sont devenues l’actualité constante et toi l’eternel bouc émissaire qui est tiré par des pour et des contre la démocratie.
Ton emprisonnement a ouvert une série des arrestations des jeunes de notre mouvement. J’ai pris conscience que nous sommes dans les viseurs de ceux qui te gardent en prison, ils veulent nous détruire. Ils veulent décourager les jeunes à prendre en main l’avenir du pays. Ils prennent jour pour jours des mauvaises décisions contre nous et malheureusement contre eux-mêmes.
ils mêlent toutes les institutions du pays pour leurs intérêts, ils mobilisent le peuple, ils attirent envers nous tous les media et d’autres organisations. Pour nous, les conséquences sont lourdes, un bon nombre d’entre nous t’ont rejoint en prison sans n’avoir rien organisé, rien dit, rien fait de mal.
Et Mon ami Yves, comment il va ? Je ne le connaissais pas avant qu’il soit arrêté, aujourd’hui je le porte dans mon cœur. Tu sais qu’avec eux, vous êtes mes héros.
Ton emprisonnement m’a aussi appris qu’on n’est pas seule. Que des jeunes du Congo et du monde entier sont avec nous. Sur Facebook, twitter on y voit naitre les hastag hashtag #FreeFred #FreeYves et #FreeLucha.
Je sais que nous allons nous en sortir bien que la lutte nous impose trop des sacrifices pour construire notre pays.
Mon cher ami, tu dois savoir que devant mes yeux, tu es un homme libre même en prison. Et promets-moi que même là tu lutteras au moins pour ta survie. La lutte semble dure et longue. Prends toujours soin de toi. Lutte au moins pour ne pas mourir. N’acceptes pas de mourir ni physiquement, ni intellectuellement, ni moralement.
En ce jour de ton anniversaire de naissance, je t’offre mon soutien et je te confirme que tu peux encore compter sur moi. Je prie pour toi et pour notre lutte.
Un câlin patriotique
A bientôt !
Micheline Mwendike