Né en Iran et résident en Suède, Ahmadreza Djalali, un médecin et universitaire spécialisé dans la médecine de catastrophe, se trouve en détention dans la prison d’Evin, à Téhéran, depuis son arrestation le 25 avril 2016. Alors qu’il était détenu à l’isolement, il a subi d’intenses interrogatoires, pendant lesquels il a été contraint de signer des déclarations après avoir été soumis à d’importantes pressions psychologiques et émotionnelles. Il a été accusé d’être un espion pour un « gouvernement hostile » et menacé d’une condamnation à mort.
Quiconque a rencontré Ahmadreza sait que c’est une personne bonne et pleine d’empathie, qui aime les gens. C’est un médecin consciencieux et empathique qui a dirigé toute son énergie vers la santé et le bien-être des autres.
Durant toutes les années que nous avons passées ensemble, il m’a toujours soutenue et a été un père merveilleux pour nos enfants.
Le choc de son arrestation
J’ai été choquée lorsqu’Ahmadreza a été arrêté. Je n’ai appris son arrestation que quatre jours plus tard, lorsque sa famille en Iran m’en a informée. J’ai pensé que ça devait être une erreur et qu’il serait libéré. Je n’ai eu de ses nouvelles que le mois suivant et, lorsqu’il m’a appelée, cela n’a duré que deux minutes. J’ai senti qu’il avait été soumis à une intense pression psychologique.
Ces premiers mois, j’étais en état de choc total. Je pleurais beaucoup et j’étais en plein désordre émotionnel. Je n’arrivais pas à dormir la nuit ni à m’occuper de nos deux enfants.
Encore maintenant, un an après, je n’ai toujours pas accepté cette séparation avec mon mari. Je pense à lui chaque seconde de chaque journée, et je passe tous mes instants à attendre son retour.
Mon fils est âgé de cinq ans, et il pense que son père est parti en Iran pour le travail. Il n’arrête pas de me demander quand son père rentrera à la maison. Lorsqu’il s’énerve, il s’accroupit dans un coin et réclame son père. Ma fille a 14 ans et a toujours été très proche d’Ahmadreza. Il l’a toujours accompagnée à l’école le matin, mais au cours de l’année qui vient de s’écouler, elle est allée à l’école seule. Le jour de son 14e anniversaire, elle était effondrée que son père ne soit pas à ses côtés. Elle sait qu’il est en prison et s’inquiète beaucoup pour lui.
Accusations des autorités iraniennes
L’arrestation d’Ahmadreza est la conséquence des fantasmes du ministère du Renseignement. Le travail d’Ahmadreza en tant que médecin spécialisé dans la médecine de catastrophe, ses études et ses postes d’enseignant, ainsi que son statut de résident en Suède ont été utilisés par l’appareil sécuritaire iranien pour laisser entendre qu’il était un espion et qu’il avait agi contre la sécurité nationale de l’Iran. Toutes ces allégations ont été fabriquées de toutes pièces par l’appareil sécuritaire iranien.
Durant les sept mois qui ont suivi son arrestation, Ahmadreza n’a pas été autorisé à consulter un avocat. Les autorités l’ont accusé d’être un espion mais n’ont jamais permis à ses avocats d’examiner son dossier afin de préparer leur défense. D’ailleurs, jusqu’à présent, elles ont rejeté ses trois avocats. Désormais, il doit à nouveau trouver un nouvel avocat, sans quoi un avocat sera commis d’office par le tribunal.
Problèmes de santé
Ahmadreza a entamé une grève de la faim en décembre 2016 lorsque les personnes qui l’interrogeaient l’ont informé qu’il risquerait la peine capitale s’il refusait de signer une déclaration dans laquelle il « avouait » être un espion pour un « gouvernement hostile ». Pendant sa grève de la faim, j’avais du mal à manger car je n’arrêtais pas de penser à lui. J’avais tellement peur que sa santé ne se détériore. Ma fille était dans tous ses états par crainte de ce qui pourrait lui arriver. Sa grève de la faim a duré trois mois et a provoqué une grave détérioration de son état de santé. Il a perdu 29 kilos et a développé des problèmes cardiaques et rénaux, il a également souffert de saignements gastro-intestinaux. Sa grève de la faim a provoqué une ostéomalacie (maladie des os) et il a des problèmes aux jambes, aux pieds et aux genoux.
Ahmadreza a toujours dévoué sa vie à aider les autres ; désormais, il croupit dans une prison sans aucune raison. Je demande aux militants d’Amnesty International à travers le monde d’aider à ramener mon mari auprès de sa femme et de ses enfants, et auprès du monde universitaire.
Plaider pour la libération d’Ahmadreza
J’ai écrit des lettres au Guide suprême iranien, au président et au ministre des Affaires étrangères, pour leur demander de libérer mon mari. Malheureusement, aucun d’entre eux ne m’a répondu. J’ai également sollicité l’aide du gouvernement suédois, du Parlement européen et d’organisations internationales de défense des droits humains afin de le faire libérer.
De nombreux responsables européens ont appelé à sa libération, notamment le Premier ministre suédois, les ministres des Affaires étrangères de Belgique et d’Italie, le président du Parlement européen, et la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.
Les collègues de mon mari dans les universités européennes où il a étudié et enseigné, le Karolinska Institute en Suède, l’Università Degli Studi Del Piemonte Orientale en Italie et la Vrije Universiteit Brussels en Belgique, n’ont pas hésité à le soutenir de toutes les manières possibles, mais nous avons besoin de toujours plus d’aide et que plus de personnes rejoignent notre campagne.
Un appel à l’aide
Ahmadreza a toujours dévoué sa vie à aider les autres ; désormais, il croupit dans une prison sans aucune raison. Je demande aux militants d’Amnesty International à travers le monde d’aider à ramener mon mari auprès de sa femme et de ses enfants, et auprès du monde universitaire.