Belgique, Amnesty s’inquiète d’interventions problématiques de la part de la police

manifestation Bruxelles Black lives matter

Ce week-end, de nombreuses manifestations pacifiques – notamment à Anvers, Bruxelles, Gand, Hasselt, Liège et Spa – ont eu lieu en solidarité avec le mouvement #BlackLivesMatter aux États-Unis, et contre le racisme et la violence policière en Belgique.

« Nous nous réjouissons du fait que les autorités et la police, en dialogue avec les organisateur·rice·s, se sont efforcées de rendre ces manifestations possibles dans le respect – autant que faire se peut – de la distance sociale et des autres mesures préventives », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Cependant, des informations faisant état de certaines interventions problématiques de la part des forces de police inquiètent Amnesty International, qui demande que des enquêtes approfondies soient menées pour déterminer si toutes ces interventions étaient proportionnelles et légales.

À Bruxelles, la manifestation, qui s’est déroulée de manière pacifique, a été malheureusement suivie de destructions, de vols et de jets de pierres contre la police. Les actions entreprises par la police pour contrer ce type de phénomènes sont bien sûr légitimes, mais doivent être proportionnées et viser à la désescalade.

Des images montrant des journalistes subir des manoeuvres d’intimidation pour cesser de filmer ou dont le matériel audiovisuel est gravement endommagé sont parvenues à Amnesty International. Par ailleurs, des citoyen·ne·s exerçant leur droit de filmer les interventions policières ont été arrêté·e·s. « Nous nous inquiétons de l’effet dissuasif recherché par ces comportements. Les journalistes doivent pouvoir rendre compte librement et sans entrave de ce qu’ils·elles voient », explique encore Philippe Hensmans.

Des témoignages faisant état d’une utilisation disproportionnée de la force contre les manifestant·e·s ont également pu être entendus. Il est essentiel que ceux-ci soient examinés de manière approfondie et indépendante.

À Anvers, des témoignages et des images montrent que la police a rassemblé des personnes, dont des mineur·e·s d’âge, pour les arrêter et les faire ensuite monter dans des bus. Des témoins indiquent qu’ils·elles ont exprimé le souhait de rentrer chez eux·elles, mais qu’ils·elles n’ont pas pu le faire.

« Même si des manifestant·e·s sont sorti·e·s de la zone convenue, et qu’ils·elles n’ont pas tou·te·s respecté, selon la police, les règles de distanciation sociale, nous ne voyons pas en quoi cette initiative de la police est cohérente par rapport à l’objectif déclaré d’éviter la contamination des manifestant·e·s et des représentant·e·s des forces de l’ordre, indique Philippe Hensmans. Lorsque la police décide légitimement de mettre fin à une manifestation, il est de son devoir de bien communiquer sur cette décision et l’expliquer cette décision. Les manifestant·e·s doivent par ailleurs disposer de suffisamment de temps pour se disperser. »

Tant à Bruxelles qu’à Anvers, il apparaît que certain·e·s policier·e·s ne disposaient pas de moyens d’identification visibles. Or, les représentant·e·s des forces de l’ordre doivent pouvoir être identifié·e·s individuellement lors de manifestations ; le matériel de protection tel que les casques ne peuvent par ailleurs pas être utilisés pour dissimuler l’identité des policier·e·s.

Enfin, Amnesty International s’inquiète du fait que amendes ont été infligées en divers endroits – aux organisateurs également, à Gand et à Anvers.

« Quand il s’agit d’appliquer les mesures qui restreignent les droits fondamentaux dans l’intérêt de la santé publique, il est essentiel d’opter pour les méthodes les moins impactantes possibles, explique Philippe Hensmans. Outre une enquête portant sur la légalité et la proportionnalité des actions de la police dans le cadre de ces manifestations, nous demandons que la consultation des citoyen·ne·s et des militant·e·s demeure la plus importante possible afin que soient mises en place des façons sécures et concertées de garantir le droit de manifester, malgré la pandémie de COVID-19. »

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