Pendant les 30 ans du régime d’Hosni Moubarak, les murs bordant les rues du Caire ont gardé le silence. Aujourd’hui, certains d’entre eux se revêtent de vives couleurs et deviennent un puissant moyen d’expression pour ceux qui s’emparent de ce support. La rue Mohamed Mahmoud relie le ministère de l’Intérieur à la place Tahrir, principal lieu de rassemblement des manifestants du Caire.
« Jusqu’à présent, j’ai observé deux types de réactions : soit les gens ont peur de moi-ils ne comprennent pas, quand ils voient une fille perchée sur une échelle en train de peindre-soit ils font des commentaires agressifs du genre : Comment c’est possible qu’une femme soit dans la rue en train de faire ça ? Qu’est-ce que c’est que cet art ? » Laila Majid, graffeuse du Caire
En novembre 2011, 51 personnes ont été tuées au cours de six jours d’affrontements avec les policiers antiémeutes égyptiens. Depuis lors, cette rue est devenue un haut lieu du graffiti en Égypte. Cet art permet de rendre hommage à la mémoire des morts tombés à cet endroit. Il met aussi en lumière les problèmes qui sévissent toujours en Égypte et montre le peu de progrès accomplis depuis le début du soulèvement, il y a deux ans. Un seul membre des forces de sécurité est en instance de jugement pour les actes de violence perpétrés rue Mohamed Mahmoud. Les familles des victimes attendent toujours que justice soit rendue.
Toutes les photos © Amnesty International