Face à la pandémie de COVID-19, déclarée en mars 2020, le personnel soignant a déployé d’immenses efforts. Malheureusement, les États ne se sont pas montrés à la hauteur de cet engagement, manquant souvent à leur devoir de protéger ces personnes et leurs familles.
Ainsi, partout dans le monde, ces hommes et ces femmes ont mis en péril leur santé et leur bien-être, en travaillant dans des circonstances extrêmement pénibles et souvent avec très peu de soutien, pour garantir l’accès à des services essentiels.
Exposés
Se basant sur les informations disponibles, Amnesty International a en effet révélé dans un récent rapport des données interpellantes : au moins 3000 professionnel·le·s de santé ont perdu la vie après avoir été atteint·e·s de COVID-19 pendant la pandémie dans 79 États. Et il s’agit d’un chiffre très probablement largement sous-évalué.... Plusieurs de ces travailleur·se·s ont indiqué travailler dans des conditions dangereuses, faute d’équipement de protection individuelle. Les personnes œuvrant dans le secteur de la santé ont en effet signalé de graves pénuries de ce point de vue dans près de 63 pays et territoires étudiés par Amnesty International. En Belgique, des témoignages inquiétants nous sont parvenus des maisons de repos, tant de la part du personnel que des résident·e·s, faisant état notamment d’un manque de personnel qualifié pour répondre à ce type d’épidémie, de l’insuffisance des équipements de protection et de conditions de travail très pénibles. Outre leurs conditions de travail dangereuses, Amnesty International a pu constater que certaines personnes travaillant dans le secteur de la santé n’étaient pas rémunérées équitablement, voire pas du tout dans certains cas, comme au Soudan du Sud, où le personnel soignant ne perçoit pas de salaire.
Réduits au silence
Dans de nombreux pays, le personnel de santé et des autres secteurs essentiels a fait l’objet de représailles (arrestations, détentions, menaces ou licenciements) de la part des autorités et de ses employeurs simplement pour avoir manifesté des inquiétudes au sujet de la sécurité sur son lieu de travail. Ainsi, en Égypte, les médecins qui font entendre leur voix s’exposent à des menaces, à des interrogatoires et à des sanctions. Dans certains cas, les grèves et les manifestations ont fait l’objet de réponses brutales, comme en Malaisie. Par ailleurs, dans plusieurs pays, aux États-Unis notamment, des licenciements ou des mesures disciplinaires ont été signalés contre des personnes travaillant dans le secteur de la santé et exerçant des métiers essentiels qui avaient exprimé leurs préoccupations.
Agressés
Les personnes travaillant dans le secteur de la santé et exerçant des métiers essentiels ont subi des discriminations, des violences et une stigmatisation de la part de la population, simplement parce qu’elles faisaient leur travail. Par exemple, au Mexique, une infirmière aurait été aspergée de chlore alors qu’elle marchait dans la rue et, aux Philippines, un agent d’entretien d’un hôpital se serait fait agresser par des personnes qui lui auraient versé de l’eau de javel sur le visage. Cette situation, intolérable, se poursuit aujourd’hui. Nos gouvernements ont la responsabilité de protéger les droits du personnel de santé et des autres secteurs essentiels. Ils doivent désormais rendre des comptes concernant la mise en danger de ces personnes qui ont subi les conséquences des mesures inadaptées et des manquements des États.
Retrouvez l’entièreté de notre rapport : amnesty.be/personnel-sante-COVID